Le lyrisme en journalisme
Dépouillant la presse d’autrefois, on a parfois l’impression que, l’espace aidant, le journaliste a reçu l’ordre de son patron de se laisser aller. «Ne te gêne pas, garçon.»
Rien de plus beau que de voir les derniers beaux jours de l’automne. Tout semble prendre un regain de vie. Dimanche dernier, la température, un soleil de printemps, un vent léger, tout nous invitait à jouir des derniers jours de la saison. Victoriaville n’a pas, il est vrai, des sites enchanteurs, où la vue va se perdre dans un horizon lointain, mais la nature a toujours ses charmes pour ceux qui savent l’apprécier; nos coteaux fertiles, de très belles montagnes dans leurs sinuosités si harmonieusement variées; la petite chute de notre moulin dont nous pouvons admirer le bruit poétique, le vieux pont de bois, de jolis bocages où l’on se permet plus d’une promenade furtive, dans les temps chauds de l’été, le tout petit pont des amoureux, situé à l’extrémité de notre ville, notre humble clocher, notre cimetière si bien situé pour méditer sur les choses de cette vie, toutes ces choses offrent, il nous semble, un repos pour l’esprit fatigué. Pour nous, Victoriaville a des charmes qu’on ne trouve pas ailleurs. «Rien n’est si beau que son pays.»
L’Écho des Bois-Francs, 24 novembre 1894.
L’image coiffant cet article provient bien sûr de La Bonne Chanson, dix albums qu’on appelait Cahiers, parus de 1938 à 1951, du musicologue Charles-Émile Gadbois (1906-1981). Elle apparaît dans la série de manuels Chantons la bonne chanson à l’école, 1957, troisième année, faisant partie du programme officiel du cours primaire, manuels approuvés par le Comité catholique du Conseil de l’Instruction publique.