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Le phonographe dérange

Après l’invention du phonographe, Thomas Edison cherche à perfectionner sa machine, à travailler à d’autres usages que l’enregistrement de la voix et sa diffusion. Certains commencent même à se demander si l’objet ne pourrait pas remplacer les journalistes. Et, en 1890, voilà que le travail de sténographe est en péril. À la une, Le Canadien du 12 novembre raconte.

Le phonographe fait son chemin rapidement aux États-Unis. Edison en a construit un qu’une force hydraulique fait mouvoir aussi facilement que l’électricité. Ce curieux appareil prend la place de la sténographie dans les correspondances d’affaires.

À New-York, il y a déjà plusieurs centaines de phonographes qui fonctionnent couramment. Les chefs des grandes maisons et leurs principaux clercs dictent leur correspondance au phonographe; celui-ci à son tour dicte la même correspondance à la machine à écrire. Les cylindres de cire phonographique sont conservés et peuvent au besoin servir de preuves.

Dans un  grand meeting de Chicago, on a supprimé les sténographes et on les a remplacés par deux phonographes. Le reporter se tenait à distance des orateurs et répétait les discours à un phonographe : quand le style était au bout de sa course sur le cylindre et y avait imprimé sa courbe indentée, le reporter parlait au second phonographe; pendant ce temps, le cylindre du premier phonographe était porté à l’imprimerie où l’on traduisait ses indications.

Le phonographe n’est pas seulement, entre les mains d’Edison, un appareil destiné à rendre des services usuels; il a l’ambition de l’appliquer à des recherches scientifiques de l’ordre élevé. Si étrange que cela puisse paraître, il espère s’en servir comme instrument de recherches dans le soleil. Au premier, abord, on n’aperçoit aucun rapport entre le grand astre lumineux qui gouverne les mouvements de toutes les planètes et la petite machine, que la plupart des personnes ne connaissent que pour en avoir entendu sortir des sons musicaux plus ou moins altérés par l’usure des cylindres.

Voici, pourtant, ce que rêve Edison. Il y a à Ogden, dans l’État du New Jersey, une masse de minerai de fer magnétique; elle a plus d’un kilomètre et demi de longueur et contient on ne sait combien de millions de tonnes de minerai magnétique, car cette masse éruptive s’enfonce dans la terre à des profondeurs inconnues. Toutes les grandes tempêtes solaires, nous nous servons de ce mot pour indiquer les phénomènes auxquels se lient les taches et les protubérances solaires, se trahissent dans nos observations magnétiques par des mouvements des aiguilles aimantées.

Edison a imaginé que cette action, lointaine, mystérieuse, subie par quelques aiguilles d’acier mobiles, pourrait être singulièrement agrandie et exaltée si l’on utilisait, au lieu de ces aiguilles, une masse magnétique énorme; une telle masse n’est pas mobile, mais Edison songe à l’entourer de plusieurs kilomètres de fil de cuivre pour former un courant induit; les variations de l’aimantation dans le minerai se traduiraient, pense-t-il, dans cette induction. On aurait des instruments qui enregistreraient les variations de l’induction et les courants pourraient être reçus dans un téléphone et se traduire ensuite par des sons.

On trouve cette image de Thomas Edison sur la page Wikipédia qui lui est consacrée.

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