«Chanson d’hiver»
Petit poème de l’amoureux Jehan.
Dans les forêts plus de chansons,
Plus de baisers, plus de bruits d’ailes;
Plus de nids au fond des buissons
Que l’hiver sombre couvre de dentelles
Mais dans les bois et dans les champs
Les ramages peuvent se taire :
Ma mie a de plus jolis chants
Que tous les oiseaux de la terre.
Les jardins n’ont plus de parfums,
Plus de couleurs étincelantes;
Œillets et jasmins sont défunts
Ainsi que les roses troublantes.
Mais j’ai vu ces morts sans regrets,
Car les lèvres de mon aimée
Plus que les roses ont d’attraits
Et sa bouche est plus parfumée.
Le ciel a pour longtemps quitté
Son manteau bleu serti d’étoiles;
Sur sa splendeur il a jeté
De sombres et mouvantes voiles.
Mais à moi qu’importent les cieux
Quand je contemple l’adorée ?
Le ciel est au fond de ses yeux
Plus bleus que la voûte azurée.
Jehan
Source : L’Album universel, 1er novembre 1902.
Dans l’ouvrage de Bernard Vinet, Pseudonymes québécois (Québec, Éd. Garneau, 1974), il y a l’avocat J.-Horace Michaud qui se donnait le pseudonyme de Jehan. Peut-il s’agir du même ?
Illustration parue dans Le Monde illustré du 10 décembre 1887. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Femmes».