Gare à vous si le proprio vous dit d’entrer les mannequins parce qu’il pleut
La scène se passe à Montréal. Il tombe des cordes. Le marchand demande à son commis de vite entrer les mannequins sur le trottoir. À la une du journal Le Canadien du 20 novembre 1888.
Un marchand de confections pour dames qui tient son magasin au rez-de-chaussée du Balmoral, Montréal, a l’habitude d’exposer sur le trottoir une demi-douzaine de mannequins, représentant des femmes habillées des pieds jusqu’à la tête, histoire d’annoncer sa marchandise.
Jeudi soir, au moment où il tombait une pluie abondante, il donna ordre à un de ses commis d’entrer les mannequins afin que leurs beaux manteaux ne fussent pas gâtés par l’orage. Le commis s’exécuta et, au moment où il empoignait le deuxième ou le troisième mannequin par la taille, ce dernier, avec la rapidité de l’éclair, lui donna sur la joue l’empreinte d’un trèfle à cinq feuilles qui le fit reculer de plusieurs pas.
Le malheureux s’était trompé. Ce qu’il avait pris pour un mannequin était une femme en vie qui s’était collée le long de la vitrine pour échapper à la pluie torrentielle. Le commis s’exécuta et continua sa besogne en s’assurant d’abord qu’il avait affaire à une femme artificielle avant de la serrer par la taille.
L’incident a causé une grande hilarité parmi les commerçants de la rue Notre-Dame Ouest.
L’illustration des deux mannequins se retrouve sur la page Wikipédia consacré au mannequin-objet.