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Incroyable ?

En page 3, L’Étoile du Nord (Joliette) du 11 novembre 1886 y va de ce titre : «Fait phénoménal à Joliette». Comment ne pas s’arrêter pour lire le court article ?

La ville de Joliette a été témoin, ces jours derniers, d’un fait vraiment extraordinaire. Chacun pensait que c’était la fin du monde prédite par le lunatique Wiggins.

C’était sur le soir; bien qu’en novembre, la journée avait été exceptionnellement belle; le soleil avait réchauffé de ses rayons vivifiants la terre un peu humide, sa chaleur bienfaisante ranimait nos esprits et nous faisait goûter les douceurs d’un beau jour d’été. Cette nature calme et sereine ne nous faisait pas présager la terrible bourrasque qui a jeté tant d’émois parmi les habitants de cette ville.

Soudain, les quelques nuages jetés en désordre à l’occident se groupent et couvrent le ciel comme d’un sombre manteau; et avant l’heure des ténèbres, une obscurité profonde, effroyable, s’étend sur la ville et l’enveloppe de toutes parts; un vent impétueux semblable à celui que la jalouse Junon fit souffler sur les mers, qui portaient les vaisseaux d’Ulysse, s’éleva tout à coup, balayant devant lui des monceaux de sable; les eaux de la rivière, agitées et écumantes, se soulevaient comme des montagnes et retombaient dans leur lit avec un bruit formidable. Ajoutez à cela un vacarme lointain, strident, aigu, qui dominait toute la tempête.

Les gens affolés, pâles et consternés poussaient des cris désespérants, le désespoir hideux et sombre se dressait devant eux comme un spectre dégoûtant. Quelques minutes se sont à peine écoulées, et voilà que, subitement, on s’aperçoit que la bourrasque diminue d’intensité, des éléments déchaînés firent cesser leurs sinistres clameurs et des nuages entredéchirés sortit une voix forte et puissante comme les voix célestes qui annonceront la fin des temps, criant :

«Habitants de Joliette et des campagnes environnantes, prêtez l’oreille à mes avertissements. Voulez-vous ménager votre bourse, économiser vos revenus, allez acheter vos vaisselles, cristaux, tapisseries, articles de toilette, etc., etc., etc. chez Albert Gervais, libraire, relieur et imprimeur, dans son nouveau magasin, Place du Marché, Joliette.»

 

Contribution à une histoire de la publicité québécoise.

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