Des photographies séduisantes de personne grandeur nature
Voilà A. R. Roy, un des photographes dont on ne parle à peu près jamais dans l’histoire de la photographie dans la région de Québec. Et, pourtant, à un moment, il tenait boutique sur les deux rives du fleuve, à Lévis et à Québec. C’est lui d’ailleurs que le journal Le Soleil recommandait en disant que, même si vous n’êtes pas beau, vous sortirez de là pleinement satisfait de votre image. Et rappelez-vous ce portrait récent de jeune fille, une création grandeur nature, vu par les passants dans la vitrine d’Arthur Lavigne, et qui étaient frappés de tant de beauté.
Le lundi 29 octobre 1888, voici que Roy adresse un texte au rédacteur du quotidien de Québec Le Canadien, ayant pour titre «L’art photographique». C’est qu’il dispose justement depuis quelques mois d’un appareil américain capable de très grandes photographies.
Monsieur le rédacteur,
Vous ne me refuserez pas, j’espère, l’insertion de cette note qui ne manquera pas d’intérêt pour vos lecteurs.
L’année dernière, au retour d’un voyage aux États-Unis, où j’étais allé dans l’intérêt de mon atelier, j’écrivis dans vos colonnes que l’art de la photographie était, au Canada notamment, en arrière des procédés mis en œuvre de l’autre côté de la frontière; principalement dans les grandes villes où les beaux-arts sont appréciés à leur juste valeur. Ai-je eu tort de croire qu’une innovation qui réussit si bien aux États-Unis était appelée au même succès ici. Certainement non, si j’en juge par les nombreuses commandes que je n’ai cessé de recevoir de toutes parts; il y a seulement à peine un an que j’ai apporté au pays cette appareil, et il n’y a pas aujourd’hui une rue à Québec et à Lévis ou même une campagne si reculée qu’elle soit, où je n’ai pas fait deux ou trois de ces grandes photographies.
Tous s’accordent à dire que ces portraits sont admirables sur tous les rapports. L’appareil à extension que je possède est le seul du genre au Canada, pouvant photographier sur la personne même exactement les proportions naturelles du buste. Autre mérite de l’appareil, il copie à la perfection les portraits de quelque grandeur qu’ils soient; cartes de visite, petits portraits détériorés, ternis, à demi effacés, et les reproduit avec une précision parfaite d’expression et de ressemblance.
Avec cet appareil si perfectionné, la restauration des vieux portraits qui souvent ont besoin d’être retouchés, modifiés dans une partie même de la toilette, est une chose que l’on fait tous les jours. J’invite cordialement les personnes qui désirent avoir leur portrait en grand, ou faire une agréable surprise à un ami à l’occasion des joyeux anniversaires, des fêtes du nouvel an qui approchent, à venir en faire par elles-mêmes l’expérience en me confiant leur ouvrage, et je puis les assurer d’avance que leurs portraits seront faits tels que mentionnés dans cette correspondance. […]
Si je ne craignais pas d’abuser de la générosité de mes clients, je pourrais mentionner un grand nombre de lettres de félicitations, même de personnes que je n’ai jamais connues, me disant avoir vu soit à Québec ou ailleurs mes portraits. […]
Le comité de l’Exposition de 1887 a bien voulu émettre en ma faveur une médaille et un diplôme pour laquelle j’avais exposé une douzaine de grandes photographies.
J’ai l’honneur d’être,
M. le rédacteur, votre etc.
A. R. Roy
Photographe, Lévis.