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La langue parlée de nos policiers

Le quotidien québécois Le Canadien, du 15 octobre 1888, rapporte que le journal La Presse à Montréal n’en revient pas de la pauvreté du français parlé des policiers.

La Presse donne de tendres et sages conseils à la police de Montréal, qui fait usage, dit-elle, d’une foule d’anglicismes et de barbarismes comme les suivants : C’est l’affaire la plus mean… J’étais sur mon beat… ou bien, j’étais en devoir… Je l’ai vu sur un street carMouvez !… Je l’ai enfermé dans les cells; il y avait une gang dans la lane; c’est un loafer; je lui ai montré ma badge… il a déchiré mon coat… Nous l’avons sarché (to search).

Qu’on assiste le matin à la cour du Recorder et on pourra en recueillir par centaines de ces expressions barbares. Nous est d’avis, pourtant, que la plupart des hommes de police qui martyrisent de la sorte leur langue maternelle n’auraient qu’à le vouloir pour remplacer ces mots par des mots français. Et si le mot leur manque, qu’ils s’informent auprès de ceux qui peuvent le leur apprendre; car un tel langage est loin de jeter de l’éclat sur notre corps de police.

Voici, pour commencer, comment on pourrait s’exprimer dans les cas ci-dessus mentionnés :

C’est l’affaire la plus vilaine; j’étais à mon poste (beat)… je l’ai vu sur un omnibus… Circulez !… Je l’ai enfermé dans les cellules; ils formaient une bande dans la ruelle; c’est un vagabond (loafer); je lui ai fait voir mon insigne (badge); il a déchiré mon habit, nous l’avons fouillé, etc.

Ces réflexions ne s’adressent pas seulement aux hommes de police. Une foule d’autres personnes sont aussi insouciantes de ce côté et parlent un langage affreux.

 

Ci-haut, une gravure du Canadian Illustrated News du 23 juillet 1881. Nous voilà à Montréal, en 1881; des policiers sont là en devoir lors d’une grève des ouvriers du port. On retrouve cette image sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Policiers».

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