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«À propos de drapeaux»

À l’exposition de Québec, le journal Le National déplore qu’on ne retrouve aucun drapeau étranger, autre que le drapeau anglais. Pourquoi, par exemple, ne pas avoir permis que la France ait son drapeau ? Pleinement d’accord avec les propos de ce journal, La Tribune du 7 septembre 1894 reproduit son article.

C’est très regrettable que les directeurs de l’exposition provinciale de Québec aient eu la malencontreuse idée d’innover en proscrivant les pavillons des nations à l’exception de ceux de l’Angleterre et du Dominion.

Ainsi que le fait remarquer très judicieusement L’Evènement, s’il y a un pays quelconque, un bâtiment sur lequel doivent flotter les pavillons de tous les États du monde, c’est celui où se tient un exposition, lors même qu’elle n’est que locale.

Mais la province de Québec est dans un cas particulier. Bien qu’elle constitue, depuis cent trente-un ans, une des dépendances américaines de la couronne britannique, ses habitants — toujours loyaux à la dynastie d’Angleterre — ont conservé comme un culte le souvenir de la mère patrie et ils en ont adopté les couleurs, quelles qu’elles soient. Autrefois, c’était le drapeau blanc fleurdelisé, à présent c’est le joyeux tricolore qui a fait le tour du monde en vainqueur.

Ces couleurs sont pour nous l’emblème de l’attachement que nous conservons pour la terre d’où sont partis nos ancêtres pour coloniser le Canada. Le Moniteur de Lévis aura beau épiloguer, la drapeau du Dominion n’a jamais rien dit, ne dit rien et ne dira jamais rien au cœur de Jean-Baptiste.

Si, par aventure, le pays devenait indépendant, il aurait alors un pavillon à lui, dont le Canadien-français pourrait se montrer fier; mais tant que cette terre restera à l’état de colonie, les Canadiens de notre race n’auront que deux drapeaux — celui de la France, qui leur rappelle leur mère patrie, et celui de l’Angleterre qui leur dit à quel souverain ils doivent à présent leur allégeance.

Aussi est-ce une double faute qu’ont faite les directeurs en proscrivant de l’Exposition tous les drapeaux étrangers et particulièrement celui de la France. Au lieu de chercher à couvrir cette faute par des raisonnements spéciaux, le Moniteur et L’Électeur et toutes les autres feuilles de Québec devraient faire des efforts pour amener les directeurs à rappeler leur fâcheux décret.

Tout le monde à Montréal souhaite que l’Exposition de Québec obtienne un succès réel; que de leur côté les Québecquois n’auraient pas ce succès en prenant des mesures qui doivent blesser un si grand nombre d’exposants et de visiteurs de l’Exposition.

 

Ci-haut, se trouve, bien sûr, le drapeau de la France que j’ai repêché sur la page Wikipédia consacrée à ce pays.

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