Mais qui sont ces saltimbanques ?
En 1900, lorsqu’on se trouve devant un phénomène inexpliqué, comme la disparition soudaine d’une personne, par exemple, on en rend responsables les gens de passage. Les ambulants, les Syriens, les Bohémiens, les Gitans, et qui encore, au dos bien large.
Ainsi, en août 1893, dans la région de Québec, deux enfants disparaissent. «Ah, ça doit être les Bohémiens.» Finalement, on découvre que les marmots se sont noyés. La Tribune écrit le 1er septembre 1893 : «On a retrouvé le corps de deux enfants, Dorval et Chatigny, qu’on croyait avoir été enlevés par des Bohémiens. Les deux petits malheureux se sont noyés dans le fleuve.»
Trois semaines plus tard, cette fois-ci le 22 septembre 1893, toujours dans La Tribune, on raconte cette histoire :
Il y a actuellement dans un des hôpitaux de Montréal un jeune homme dont l’histoire est fort étrange.
En février dernier, il vivait avec ses parents dans une ville du Michigan, E. U., et allait à l’école. Tout à coup, il disparut de la maison de ses parents sans que jamais on put savoir où il s’était réfugié après avoir tout fouillé l’État et ses environs.
Cependant, quelque temps après, ses parents apprirent qu’il était à Montréal dans un hôpital, en danger de mort.
La mère descendit immédiatement et trouva en vérité l’enfant malade. Depuis ce temps-là, elle cherche à expliquer le mystère de la disparition de son fils.
Celui-ci est encore si faible qu’il peut très difficilement parler, de sorte qu’il est impossible de savoir comment il a été enlevé.
On croit que l’enfant a été soumis à l’influence de l’hynotisme [sic] et que des saltimbanques, après l’avoir exploité pour leurs misérables industries, l’ont abandonné à Montréal.
L’enfant est âgé de 16 ans.
Les autorités ont la chose en mains et on s’attend à des révélations de jour en jour.
Le bouffon ci-haut est une création du sculpteur Gilles Matte, de Québec.