Bruyantes, dites-vous, les villes
Ça ne date pas d’hier. Le 2 septembre 1886, L’Étoile du Nord, de Joliette, reproduit un article du Moniteur acadien. Le titre: Le bruit à New-York.
Il y a probablement plus de bruit par pouce carré à New-York que dans toute autre ville du globe; aussi y compte-t-on un grand nombre de sourds et demi-sourds. Posez une question à un New-Yorkais et à part de celle-ci «Qu’allez-vous prendre ?» — Il vous répond invariablement par une des interrogations «He !» «Comment ?» «Quoi ?» ou quelque chose de semblable pour vous faire répéter votre question. Cela n’est pas dû tout entier aux préoccupations d’esprit causées par la multitude des choses qui réclament l’attention, ni par un état mental indolent; c’est une demi surdité.
Le va et vient, le bruit universel, qui enveloppe la grande cité, a une très mauvaise influence sur le cerveau et le système nerveux, qui produit de nombreux désordres, entr’autres la surdité. Un célèbre docteur a dit qu’il y avait plus de surdité à New-York que dans toute autre ville qu’il eût visitée.
À New-York, vous ne pouvez échapper au bruit. Avec les chemins de fer élevés qui fendent la ville et les oreilles, avec les chars urbains qui sillonnent toutes les rues, les grosses voitures à bière et à marchandises, les sifflets de la vapeur et les mille et autre choses qui font du bruit au-dehors; avec la population dense et turbulente, ses pianos et ses poumons à l’intérieur, impossible d’[y] échapper, il n’y a pas de place où l’oreille et les nerfs puissent trouver du repos.
Cette question du bruit est bien sérieuse, et les hommes de science et de la politique civique devraient l’étudier et la résoudre sans cela New-York va devenir un refuge d’enragés.