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Parlons de superstitions

D’où viennent les superstitions ? Faut-il prendre au sérieux les superstitieux ? Pourquoi d’ailleurs sommes-nous superstitieux ? Est-ce parce que nous sommes convaincus, ou aimons le croire, qu’il y a un monde sur lequel nous n’avons pas de prise ? J’ignore. Le 4 septembre 1886, le quotidien montréalais La Patrie y va d’un article sur les superstitions.

Quelle est l’origine de la plupart de ces superstitions courantes dont beaucoup d‘esprits cultivés, voire même d’esprits sceptiques, ne parviennent pas à se débarrasser ? Le vendredi, le nombre 13, une salière renversée, une fourchette et une cuiller en croix, trois lumières, sont pour beaucoup de gens, peu croyants au demeurant, des présages ou des accidents funestes.

La superstition du vendredi est la plus répandue de toutes, bien que les anciens eussent au contraire consacré ce jour à Vénus. Le discrédit dont il jouit parmi nous date du christianisme. Le crucifiement de Jésus-Christ ayant eu lieu au jour qui correspond à notre vendredi a été marqué par des signes du courroux céleste, le vendredi est devenu un jour mal noté.

On croit que la superstition qui se rapporte au nombre de treize a la même origine que celle du vendredi.

Les apôtres étaient treize à table le jour de Pâques, un d’entre eux trahit son maître et se pendit, de là découle que, lorsque treize personnes se trouvent réunies, il doit y avoir dans le nombre un traître et un pendu. Toutefois, comme on ne voit pas journellement des gens qui s’accrochent à l’extrémité d’une corde, il a été décidé qu’il suffirait qu’un des treize présents trépasserait dans l’année, sans spécifier rigoureusement le genre de mort qui l’attendait.

Pour les trois lumières, c’est autre chose, on a eu recours à la mythologie.

Comme on le sait, l’enfer servait de résidence à trois Parques, et les trois bougies allumées sont évidemment la reproduction fantaisiste de ce funeste trio, très expert en l’art de manier une paire de ciseaux. En laissant brûler trois lumières à la fois, les trembleurs voient le fil de leur existence tranchée par les vieilles demoiselles Clotho, Lachésis et Atropos.

Jugez s’ils ont raison de surveiller leurs domestiques !

Une cuiller et une fourchette croisées sont encore d’un mauvais augure, parce que c’est l’image d’une croix de Saint-André, instrument qui inspirait aux anciens une profonde horreur.

Quant à la salière, c’est encore à l’antiquité qu’il faut remonter pour expliquer ce qui le concerne.

Le sel était le symbole de l’amitié, on s’en présentait mutuellement au commencement des repas en signe de bonne intelligence; le refus d’échanger une pincée de cette substance entraînait le renversement du récipient qui la contenait et la guerre se trouvait implicitement déclarée.

Les personnes qui ont gardé la crainte du vendredi doivent se trouver bien méfiantes en cette année 1886; commencée un vendredi, elle finira par un vendredi et contiendra cinquante-trois vendredis; quatre de ses mois contiennent chacun cinq vendredis; cinq changements de lune tombent le vendredi, et les jours les plus longs, de même que les jours les plus courts, sont des vendredis.

C’est à ne rien entreprendre !

 

À noter que, dans ses Chroniques, le journaliste Arthur Buies s’attaque à la superstition dans les campagnes.

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