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Sousa se bat pour des droits d’auteur

John Philip Sousa

Le compositeur américain John Philip Sousa (1854-1932), auteur de nombreuses marches militaires fort populaires, de poèmes symphoniques, de suites, d’opéras et d’opérettes, veut toucher des droits d’auteur des compagnies d’enregistrement qui vivent de ses œuvres. Sous le titre «La Machine parlante», La Patrie du 8 juin 1906 raconte ses démarches.

Les dépêches de Washington nous apprennent que John Philip Sousa, le chef de musique si fervent des poses plastiques et des effets de torse, a comparu hier devant le comité conjoint du sénat et de la chambre, siégeant sur la question des brevets et patentes, afin d’exposer ses vues sur le nouveau projet de loi sur les droits d’auteur. Il a avoué franchement qu’il était là dans son propre intérêt. Il veut se faire payer pour la reproduction de ses compositions dans les machines parlantes, phonographes, gramophones, etc.

«Chacune des compagnies de phonographe, dit-il, a de vingt à cent de mes compositions dans ses catalogues, et je n’ai pas touché un sou pour leur reproduction. Je veux avoir cet argent.»

«Je vous dis que la voix devient de plus en plus inutile et qu’avant longtemps on ne chantera plus du tout; tout cela à cause des machines chantantes

«Je suis né à Washington même, et j’ai cinquante ans. Quand j’étais gamin, la jeunesse d’alors s’installait le soir, sur les balcons et sur les portes, et chantait les vieilles chansons aussi bien que les plus nouvelles. Promenez-vous maintenant le soir et vous n’entendrez plus les voix. La machine infernale les a remplacées. L’été dernier, j’étais sur une plage très fashionable où il y avait de fréquentes promenades en yacht. J’ai remarqué que le soir, on ne chantait plus sur l’eau comme autrefois. On apportait des phonographes qui nous moulaient El Capitan et plusieurs autres de mes compositions. Je vous répète que la voix humaine est en décadence et que la machine parlante la remplacera.»

«Les gérants des compagnies de phonographes paieront $3,000 au ténor Caruso pour leur donner un seul record, tandis que mon meilleur cornettiste a de la peine à obtenir $4 pour un record. Cela vous doit démontrer la valeur de la voix humaine. Remarquez surtout que le compositeur de ce qui est chanté ou joué ne retire pas un sou de cette exploitation.»

Le sénateur Reed Smoot voulut avancer que les hommes ne vivaient plus aussi près de la nature qu’autrefois et qu’ils oubliaient de chanter, mais M. Sousa l’interrompit catégoriquement : «Ça ce n’est pas cela du tout, dit-il, c’est ces m…… phonographes.»

Il a été décidé de faire un ajouré à la loi par lequel le consentement des auteurs et des compositeurs sera requis pour n’importe quel record.

 

Je vais vous dire, moi qui suis auteur depuis de très nombreuses années, je ne peux m’empêcher de trouver fort sympathique cette intervention de John Philip Sousa. Voilà donc longtemps que nous nous battons pour nos droits d’auteur.

La photographie de John Philip Sousa apparaît sur la page Wikipédia qui lui est consacrée.

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