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La province de Montréal

L’île de Montréal constituée en province, titre La Patrie du 7 juin 1906. Tel est l’ambitieux projet formulé par nos autorités municipales, qui espèrent en obtenir la réalisation de la gracieuseté du gouvernement fédéral.

Depuis longtemps, les têtes dirigeantes du conseil de ville ont mis à l’étude un vaste projet, qui commence à transpirer au dehors des conciliabules secrets, qui ont eu lieu à l’hôtel de ville à ce sujet.

Il s’agirait tout simplement de faire incorporer l’île de Montréal dans son entier et de donner à son conseil de ville des pouvoirs législatifs, ce qui aurait pour effet de séparer virtuellement de la province de Québec la ville de Montréal et les municipalités qui l’environnent en les arrachant du coup à l’autorité du gouvernement de Québec.

Le projet a été mis au jour aujourd’hui même, à la suite d’une déclaration faite par un échevin éminent, qui se refuse à aller de nouveau devant la législature de Québec «pour demander des privilèges et récolter des avaries».

«Le temps est arrivé de se séparer de la capitale, a dit cet échevin, qui a demandé à ce que son nom ne fût pas mentionné pour le moment. Montréal peut se suffire à lui-même et pourvoir à ses besoins. Il importe de l’arracher aux griffes des politiciens et des grandes compagnies qui l’exploitent. Le moyen est simple. Il suffit de faire amender la loi constitutionnelle de l’Amérique du Nord et d’obtenir pour la municipalité de l’Île de Montréal, érigée en province, des droits législatifs identiques à ceux des législatures actuelles. Aucun obstacle sérieux ne s’oppose à la réalisation de ce projet. Nous l’avons étudié, tourné et retourné sous toutes ses faces.

«Il est praticable, et il a déjà reçu l’assentiment de nombre de personnages éminents, qui soupirent depuis longtemps après l’indépendance de Montréal. Ainsi il convient que le conseil de ville ne retourne pas à Québec, à la session spéciale qui aura lieu cet automne, afin de faire amender sa charte, car il ne faut pas perdre de temps à la mise à exécution du projet.»

M. l’échevin Payette, que nous avons rencontré ce matin, ainsi que M. l’échevin L. A. Lapointe, se sont déclarés en faveur du principe, et ont admis qu’ils travailleraient de toutes leurs forces pour faire réussir un projet, qui serait basé sur les lignes ci-dessus.

 

Le drapeau de la ville de Montréal apparaît sur la page Wikipédia qui lui est consacrée.

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