Les Méthodistes américains s’en prennent à la bicyclette le dimanche

Le quotidien montréalais La Patrie rapporte cette nouvelle le 27 avril 1897. L’article s’intitule «La bicyclette le dimanche».

On s’est beaucoup occupé de la bicyclette à la conférence méthodiste qui s’est tenue ces jours-ci à Brooklyn. C’est d’abord une commission qui a présenté un rapport dans lequel elle constatait avec regret que le nombre des bicyclettes [sic] pédalant le dimanche était de plus en plus grand. Le révérend Pullman a pris aussitôt texte de ce rapport pour s’écrier « Monsieur le président, cette conférence ne doit pas se borner à exprimer un regret dans cette circonstance; la chose devient un fléau et il faut y mettre bon ordre. »

Le révérend Wardell a renchéri encore sur son collègue et, d’une voix étranglée par l’émotion, il a dit que le dimanche précédent, il n’avait pas compté moins de 2,700 bicyclettes dans Bedford Avenue.  « L’usage de la bicyclette le dimanche, a déclaré à son tour le révérend Johnston, est devenu une menace pour la morale et pour la vie. Les personnes se rendant au temple ne sont plus en sûreté quand elles traversent les rues. »

Du fond de la salle, une voix s’est élevée pour dire que tous les voyages accomplis le dimanche, surtout quand ce sont des ministres du culte qui se déplacent, devraient être blâmés au même titre. À quoi le révérend Buckley a répondu en substance : « Quand il faut voyager ou aller en bicyclette le dimanche, je le fais, mais ce n’est pas pour mon plaisir. Les hommes peuvent se rendre au temple à bicyclette s’ils en sont trop éloignés pour faire la route à pied; je l’admets parfaitement, pourvu qu’on n’en fasse pas une partie de plaisir. »

Enfin le révérend Maris a dit : « Je ne peux pas approuver les gens qui vont à bicyclette le dimanche, mais je pense à la masse de jeunes hommes que la bicyclette éloigne du cabaret et de ses dangers, et mon avis est que des deux maux c’est encore le moindre. »

Cette bicyclette devant la boutique de mon ami, l’antiquaire Yves Duval, rue Saint-Paul, à Québec, attendait un acheteur.