Il ne manquait plus que ça !
En 1900, au Québec, la presse dénonce la corruption qui fleurit ici et là. En bas de cet article ci-joint, on trouvera la référence au rapport du juge Cannon sur Montréal en 1909. Sa première conclusion générale se lit comme suit : «L’administration des affaires de la Cité de Montréal, par son conseil depuis 1902, a été saturée de corruption provenant surtout de la plaie du patronage.»
Toujours à Montréal, le 5 mars 1897, en page 3, La Patrie titre «La pourriture municipale. Elle élit domicile au conseil de ville».
Nous étonnerons peut-être bien peu de personnes en leur disant que la pourriture a élu domicile à notre conseil municipal, s’il nous est permis de parler par antonymie.
Et quand nous disons pourriture, nous n’entendons certainement pas mettre le doigt sur cette plaie morale virulente qui existe inévitablement dans toutes les associations humaines et qui, nous l’espérons, n’a pas encore trop contaminé les engagements solennels pris par nos échevins, à leur entrée en office, d’administrer la chose municipale pour les plus grands intérêts de la ville.
Non, nous ne voulons pas parler de l’éternelle question des pots de vin que toutes les ressources de la législation ne pourront jamais enrayer et qui demeureront toujours les pieuvres de toute administration gouvernementale. La pourriture dont il s’agit est plus réelle, plus palpable.
En effet, on n’a qu’à faire une courte visite au lieu des délibérations de notre conseil municipal pour constater que la vermine s’est emparée des trente-six fauteuils de nos édiles.
On sait que ces fauteuils en peluche rouge sont très dispendieux; ils coûtent de vingt à vingt-cinq dollars.
Pendant que nos échevins sont à délibérer sur les grandes questions qui intéressent notre ville, les mites et les petits vers s’en donnent à gogo dans la peluche de leurs chaises.
Nous croyons réellement qu’un bon coup de balai appliqué de temps à autre et un peu de poudre à insectes n’aurait pas fait de tort aux fauteuils de nos édiles.
Allez. Plutôt que de la peluche rouge à bon prix et de la poudre à insectes, pourquoi pas de bons vieux fauteuils de bois, avec accoudoirs ? Finie la vermine !