Le Bruant hudsonien
Voici un petit oiseau méconnu, le Bruant hudsonien, probablement présent chez-vous, mais que vous n’avez peut-être jamais remarqué tant il est discret et jamais abondant. Il file sa vie, plutôt indifférent à nous, contrairement à d’autres espèces.
Et rien de spectaculaire ne le distingue des autres bruants. La meilleure manière de reconnaître ce Bruant hudsonien (Spizella arborea, American Tree Sparrow) est d’apercevoir la tache brune, souvent délavée, au centre de sa poitrine.
Chez moi, il est présent de la fin d’octobre ou début de mai. Il va seul ou par poignée de trois, quatre, cinq ou six. La solitude ne semble pas lui peser. L’hiver, quand, à la fin de l’après-midi, la noirceur vient, il est le dernier oiseau, avec la Mésange à tête noire, à se présenter près de la maison pour manger. On rapporte qu’il emmagasine ainsi d’importantes réserves de graines, ce qui lui permet de maintenir un métabolisme élevé durant la nuit. Davantage que les autres oiseaux, il pourrait alors traverser des nuits plus froides. Il aime le millet d’abord, puis les graines variées. Il visite le pied des mangeoires, mais jamais ne se perche à l’une d’elles.
Voyons ce qu’en disent certains auteurs.
James MacPherson LeMoine, dans son Ornithologie du Canada (1861), ne parle tout simplement pas du Bruant hudsonien. Charles-Eusèbe Dionne est le premier ornithologue québécois, dans Les oiseaux du Canada (Québec, 1883), à consacrer quelques lignes à cet oiseau qu’il nomme Pinson des montagnes, alors que la population en général, elle, parle de Pinson des arbres. Dionne écrit : « De bonne heure au printemps, cet oiseau se rencontre dans nos bois ; il disparaît bientôt pour aller plus au nord faire sa ponte. Assez souvent on l’expose en vente sur nos marchés, lors de ses migrations ». Au sujet des mœurs de l’oiseau, Dionne n’est guère plus bavard, vingt-trois ans plus tard, dans son livre Les oiseaux de la province de Québec (Québec, 1906). « Cet oiseau, écrit-il, fréquente les petits bosquets de bois, les buissons, les haies d’arbustes. Il est un de ceux qui nous quittent le plus tard à l’automne et qui nous arrivent le plus à bonne heure au printemps. »
P. A. Taverner, dans Les Oiseaux de l’Est du Canada (Ottawa, 1920), écrit : « Dans le foule des pinsons qui se donnent rendez-vous au sein des bouquets d’arbrisseaux, en automne, ou qui y reviennent de bonne heure au printemps, on est sûr de trouver le pinson des montagnes. Dans les parties méridionales du Dominion, il y reste quelquefois tout l’hiver, mais ailleurs il passe en migrateur. C’est un petit oiseau très propre, dont le modeste chant, au début du printemps, est fort bien accueilli après le long silence de l’hiver. Ce pinson est précieux parce qu’il détruit beaucoup de semences de mauvaises herbes et qu’il paraît n’avoir aucune mauvaise habitude. »
Claude Melançon, lui, dans son livre Charmants voisins (1940), l’appelle le Soulciet du Canada ou Pinson hudsonien, et laisse entendre que la population le nomme simplement Moineau. « Il va même jusqu’à chanter en plein hiver, étant musicien comme tous les pinsons, mais sa voix, très douce, se perd généralement dans les taillis dénudés. Très peu de personnes se dérangent pour l’écouter. Aux yeux de la majorité il n’est qu’un moineau, c’est-à-dire une sorte de petit parasite que l’on tolère, mais qui ne commande que l’indifférence. »
Benoît Limoges et Simon Barrette, les auteurs du texte sur ce bruant dans l’ouvrage Les Oiseaux nicheurs du Québec, Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, sous la direction de Jean Gauthier et Yves Aubry (Montréal, 1995), écrivent qu’on ne le retrouve pas partout au Québec en hiver. « Bien que le Bruant hudsonien soit commun en migration […], il n’est fréquent que dans l’extrême sud du Québec, dans les basses-terres du Saint-Laurent et dans le sud des Appalaches, plus rarement dans les régions plus au nord. »
Et qu’en est-il des tendances à son sujet ? « Par rapport à la fin du siècle dernier, selon Limoges et Barrette, le statut du Bruant hudsonien ne semble pas avoir tellement changé. L’espèce était commune pendant les migrations d’automne et du printemps dans le sud de la province, et sa présence était mentionnée pendant l’hiver dans la région de Québec. On possède peu d’informations sur la dynamique de la population du Bruant hudsonien. La colonisation du continent ne semble pas avoir eu d’effet marquant sur cette espèce. Son aire de nidification est peu sujette aux dérangements humains et son aire d’hivernage, constituée d’habitats ouverts et arbustifs, a sans doute augmenté à la suite du défrichement qu’a accompagné le développement agricole et urbain. De plus, ce bruant a probablement aussi tiré profit de la multiplication des mangeoires l’hiver en Amérique du Nord. »
Personnellement, je crois que la variété des noms donnés à cet oiseau au fil des années, autant en français qu’en latin, le peu d’informations aussi que nous ayons amassées à son sujet à ce jour font croire qu’il est franchement méconnu. Du moins, il semble qu’il n’ait jamais retenu notre attention. Et si on le lui demandait et qu’il pouvait nous répondre, il nous dirait probablement qu’il ne s’en porte que mieux. Sa présence est une sorte de petit don qui s’active pas très loin.
Bonjour Jean, j’ai commencé l’observation d’oiseaux dans ma grande cours de campagne du Centre-du-Québec l’automne dernier et le bruant hudsonien s’est rapidement joint au groupe d’oiseaux qui fréquentaient mes « mangeoires ». Un livre en main et armée de longues-vue, j’étais convaincue que ce n’était pas le moineau domestique dont mon beau-père me parlait et j’eue raison!! C’est avec sa petite tache grise au bedon et sa ligne blanche sur l’aile que j’ai rapidement appris à le différencier des moineaux et des femelles sizerins. J’avoue que je suis plutôt fière de voir que j’ai l’œil fin.
J’ai eu une seule occasion de pouvoir à la fois voir et entendre l’oiseau alors que je l’observais sous un lilas. Et son cris ne m’a pas du tout fait penser à une mélodie douce mais plutôt …à une vieille roue de corde à linge un peu rouillée….!!!! Quoiqu’en hiver… le bruit d’une corde à linge se déplaçant nous rappel toujours la saison chaude et verte!!! :)
Merci pour ce blogue!
Merci à Vous, chère Marie-Josée.