Un bien grand part
Jamais quelqu’un du temps de mes cours en histoire nous avait proposé de prendre connaissance de ce document. Le voici donc. Lettre d’adieu.
Honoré Mercier, qui a tant cru au Québec comme entité propre en Amérique du Nord, vient d’être battu aux jours gras de l’hiver 1892, le 8 mars. Il ploie.
L’Étoile du Nord, l’hebdomadaire de Joliette, donne cette lettre à lire, le 17 mars 1892.
Québec, 9 mars 1892
À mes amis,
M. Angers est victorieux. Son coup d’État a reçu l’approbation des électeurs. La calomnie l’a emporté sur la constitution et le peuple a refusé de blâmer l’homme qui s’était substitué aux chambres du parlement et qui les avait dissoutes sans raison.
Tout le bien que j’ai fait a été méconnu et j’ai pour toute récompense l’ingratitude populaire. Le verdict du peuple est injuste et sera sévèrement blâmé par l’Histoire. Mais, toutefois, je dois me soumettre et rentré dans la vie privée. La province a besoin de repos après l’agitation des derniers six mois.
Je pardonne à ceux qui m’ont calomnié. Je m’efforcerai d’ignorer toujours les noms de ceux que j’avais obligés et qui m’ont trahi, pour ne me souvenir que de ces amis qui m’ont été fidèles dans l’adversité comme dans la prospérité.
Je retournerai aux travaux des champs afin de recouvrer la santé, si la chose est possible, et à mon bureau d’avocat afin de pourvoir à la subsistance de ma famille.
Je vous souhaite à tous, mes amis, le bonheur et la prospérité que vous méritez, et je fais des vœux ardents pour que notre chère province ne souffre pas trop de la violence faite à ses institutions.
Honoré Mercier
Écoutez. Si vous voulez savoir dans quelles circonstances ça s’est passé, veuillez vous rendre à cette adresse. Il y a là la biographie d’Honoré Mercier de Pierre Dufour et Jean Hamelin.
Cela dit, dès, le départ de ce site interactif, rappelez-vous, dans les premières lignes liées à ma binette, je disais que je ne monte pas dans ce train avec tambour. Je ne souhaitais qu’un lieu de partage, d’échanges, de découvertes mutuelles, baigné de calme et de tendresse. Je ne veux que le repos en ce monde bruyant.
Mais je dois absolument souligner, à chaque fois, quand il s’en trouve, les grands, les nôtres, ceux à qui j’appartiens, ces acharnés qui se sont battu pour nommer, crier au besoin, en français, ce qu’ils vivaient sur ce continent.
Les Acadiens, les Québécois, tous les Francos à l’ouest de Gatineau, les Métis, si chers Métis, les partis vers le Sud, il y a longtemps, en Nouvelle-Angleterre, et puis les Louisianais, tout en bas, et ce cher Zachary.
Ci-haut, Honoré Mercier sur les pelouses de l’Hôtel du parlement à Québec.