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Ne pas confondre Jos Montferrand et Louis Cyr

Le «voyageur» et «homme de chantier» Jos Montferrand (1802-1864) est le premier homme fort québécois à être passé à l’histoire. Le journaliste et historien Benjamin Sulte, qui s’intéresse au personnage depuis 1883 et a publié plusieurs textes à son sujet, n’aime pas qu’on laisse entendre que Louis Cyr (1863-1912), haltérophile et athlète d’exhibition, lui est supérieur. Selon Sulte, l’un et l’autre ne sont vraiment pas comparables. Cyr ne serait qu’un leveur de fonte.

Il écrit dans Le Sorellois du 10 février 1891 :

Un journal qui parle de mon article sur Montferrand fait la réflexion que Cyr est supérieur à mon homme. Je ne comprends rien à cette comparaison. Cyr brille en levant des poids de quatre mille livres, tandis que Montferrand a établi sa renommée en combattant lui seul contre trois, six, dix fiers-à-bras. Ce n’est plus la même chose.

Un garçon peu futé disait un jour : «Je n’ai pas l’avantage d’être instruit, mais j’ai un frère qui court fort!»

Montferrand pouvait culbuter Cyr par terre avec une simple taloche.

L’athlète qui cent fois a défendu ses compatriotes contre des bandes d’adversaires a un autre rang parmi nous que le leveur de tonnes de mélasse. À quoi cela peut-il servir de porter vingt hommes sur ses épaules ? je vous le demande.

Cyr doit avoir un frère qui court fort, et c’est ce qui le rend si glorieux. Qu’il évite de rapprocher son nom de celui de Montferrand, ce sera plus commode pour sa gloire.

Gamache levait aussi des poids lourds, mais dans l’occasion il levait les pieds et les mains. Je l’ai vu sauter d’un balcon et tomber au milieu de la foule en faisant pour arriver un tour superbe. Il avait frappé quatre hommes du même coup. Aussitôt tournoyant sur lui-même avec rapidité, il coucha une dizaine d’adversaires et fit place nette à 30 pieds de distance [un peu moins de dix mètres]. Voilà quelque chose qui pèse plus que les fardeaux de Cyr, du moins à nos yeux.

Mais Montferrand ! Montez plus haut, s’il vous plaît, lorsque vous parlez de lui. De San Francisco à Québec, de Vancouver à New-York, du Mexique à Ottawa, on a connu son nom; et ce nom n’était pas mis dans les annonces des journaux ni placardé sur les murs des villes. Son nom passait partout par lui-même, à cause de sa valeur personnelle, comme les bonnes pièces de monnaie. Le prestige dont l’homme s’était entouré dans son pays se répandait au loin et couvrait le continent entier. On n’arrive pas à une pareille renommée en levant des enclumes à bras tendus.

Montferrand personnifiait notre race alors attaquée et maltraitée chaque jour par les étrangers qui voulaient nous réduire au rang des parias de l’Inde.

 

Quand Sulte fait allusion à Gamache, peut-être parle-t-il de la figure légendaire Louis Gamache (circa 1808-1852).

La gravure de Jos Montferrand apparaît dans l’ouvrage de Benjamin Sulte, Histoire de Jos Montferrand, L’athlète canadien, Montréal, Librairie Beauchemin, 1899.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Yvon Chouinard #

    Depuis plus de 50 ans que je parcoure le monde entier comme arbitre International « un en haltérophilie et j’ai publié un livre « Les origines de l’ahltérophilie canadienne ». Dans toute ma vie et partout dans le monde, les gens m’ont souvent parlé de Louis Cyr comme l’Homme le plus fort du monde. Jamais personne, hors du Qubec, ne m’a fait la même allusion à Jos Montferrand ou même parlé de lui en ce sens. Je le connais parce que je suis québécois et très impliqué dans les poids et haltères depuis 60 ans. Aucune comparaison ne tient la route entre les deux si l’on veut parler de force pure.

    5 mars 2013
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, cher Monsieur Chouinard, de votre témoignage. Si jamais on organisait un débat entre vous et Benjamin Sulte, seriez-vous preneur alors ?

    5 mars 2013
  3. Rufiange #

    Jos Montferrand est une légende Québécoise exceptionnel.
    Il incarna plusieurs choses, dont la force totale brute avec une agilitée inégalité pour un homme, à travers les temps.
    Feu mon Grand-Père Maxime Hébert nous raconta que jadis dans un bar du vieux montreal que Jos Montferrand eu une altercation avec un autre costaud du même acabit un capitaine de bateau, à propos d’une serveuse.
    Ils prirent une gageure et le gagnant aurait la serveuse. Le défi étais de réussir à faire un ? somerset ? sur le bar et de s’élancer à l’envers afin de donner un coup de talon (avec le fer en U de la botte) et de l’imprimer au plafond (+ ou – 10-12 pieds) du bar. Jos Montferrand fut le seul à y parvenir, et gagna.

    6 janvier 2017
  4. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, monsieur Rufiange. C’est ce qu’on raconte aussi dans certains ouvrages sur cet homme fort. Je crois même qu’il s’en trouve au moins un avec une gravure illustrant cette histoire. Votre grand-père avait bonne mémoire.

    6 janvier 2017

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