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Le carnaval de Québec de 1894

Le 10 février 1894, l’hebdomadaire montréalais Le Monde illustré y va de cette première page, proposant quelques moments du carnaval de Québec qui vient de se terminer.

Et voici le texte en regard de cette image.

Lundi de la semaine dernière, s’est ouvert, à Québec, le plus brillant carnaval qu’ait jamais vu la vieille capitale.

Les illustrations de notre première page donnent une idée des remarquables travaux en glace exécutés en vue de cette fête superbe.

En l’absence du gouverneur général, c’est M. le maire Frémont qui a présidé à l’ouverture du palais de glace dont l’architecte, M. Berlinguet, lui a remis la clef en argent, pour lord Aberdeen.

On a ensuite dévoilé les statues de glace de Champlain, du P. Brébeuf et de Mgr de Laval, cette cérémonie s’est accomplie au milieu des acclamations de la foule.

Le fort de Châteauguay a ensuite été ouvert et le maire et sa suite ont été photographiés sur les murailles. Puis, ces messieurs ont parcouru la rue Saint-Jean, la côte du Palais, et la rue Saint-Joseph, inaugurant les arcs de triomphe, etc.; ils étaient accompagnés par les élèves du séminaire poussant des acclamations et chantant des airs nationaux.

Dans la soirée, la ville présentait un aspect superbe; les illuminations sur la grande allée et sur la place de la basilique étaient d’un effet merveilleux. Le fort de glace et le parlement resplendissaient des rayons brillants de la lumière électrique.

Mardi, au milieu d’une tempête effroyable, a eu lieu la réception de lord et de lady Aberdeen. Cette réception a été réellement enthousiaste; une foule nombreuse attendait les distingués visiteurs à la gare où une adresse de bienvenue leur fut présentée. Puis leur voiture, traînée par une centaine de solides gaillards, et précédée d’une fanfare, de tambours et de clairons, se mit en marche par les rues Saint-Nicolas, du Palais, de la Fabrique, Buade, des Carrières jusqu’au château Frontenac, où Son Excellence avait retenu ses appartements.

Jeudi, les événements du jour ont été la course en canot et le bal des citoyens en l’honneur du gouverneur général, le plus beau qui ait jamais eu lieu à Québec.

Le lendemain, a eu lieu la magnifique procession du carnaval, dont le succès a été fabuleux. On remarquait l’équipage superbe du gouverneur-général; les pompiers avec les voitures et instruments de sauvetage; la batterie de la garnison; une magnifique locomotive en bois, œuvre de la maison Carrier; un détachement des Hussards Canadiens; la grande Hermine; les Hurons, etc., etc. On pense que plus de 50,000 personnes stationnaient sur le parcours du défilé, et on estime à près de 20, 000 le nombre des étrangers venus à Québec à l’occasion des fêtes.

Enfin, comme tout passe en ce monde, le carnaval s’est, lui aussi, terminé, mais de la façon la plus brillante par la grande fête de nuit de vendredi. Cette fête, au dire des Montréalais eux-mêmes, est la plus féérique qui se soit jamais vue au Canada. L’attaque du palais de glace a été splendide. Plus de 70,000 personnes encombraient la place du Palais législatif, et la circulation était impossible. Le feu d’artifice a été très remarquable : en une heure, $4,000 de pièces pyrotechniques ont été consumés. De toutes parts, les acclamations de la foule éclataient tant le spectacle était grandiose.

La vieille cité de Champlain semble s’être enfin réveillée de son long sommeil, et elle se souviendra longtemps des journées de ce mémorable carnaval de 1894.

* * *

Voilà le premier véritable carnaval québécois, qui devait conduire, soixante ans plus tard, au Carnaval de Québec contemporain. Vous trouverez davantage d’informations sur ce carnaval de 1894 dans mon ouvrage Le Carnaval de Québec. La grande fête de l’hiver, publié en 2003. Au début des années 2000, j’avais eu la commande de la Commission de la capitale nationale du Québec d’une histoire du Carnaval de Québec, à laquelle j’ai pris beaucoup plaisir.

 

 

10 commentaires Publier un commentaire
  1. Maude Laverdiere #

    Bonjour

    Dans votre livre Le Carnaval de Québec. La grande fête de l’hiver à la page 9 vous raconter le défilé de 1984, ensuite à la page 10 il y a la suite qui aborde l’attaque de la tour (fort de glace). En page 11, la photo est daté de 1896, alors je me demandais si l’attaque du fort à eu lieu en 1894 ou 1896?

    Merci!

    3 octobre 2013
  2. Jean Provencher #

    Chère Madame Laverdière, il y aurait eu attaque de la tour en 1894 et attaque du fort en 1896. C’était, en quelque sorte, une façon de faire à l’époque que ces chorégraphies. On voulait ainsi ajouter à la joie des foules.

    3 octobre 2013
  3. guy carbonneau #

    M. Je suis tombé sur votre volume en faisant une recherche sur mon grand père Michel Carbonneau qui sculptait les monuments de glace pour les anciens carnavals (1894-1929) . Comme je n’ai pas de photos ou documents sur lui et de ses monunents je pensais en retrouver par cette recherche mais mis à part le loup que l’on retrouve dans votre ouvrage je pense qu’elles (les images) sont rares. Pouvez vous me dire si possible ou je pourrais trouver de l ‘info sur Michel Carbonneau qui a pourtant été un bon sculpteur de quebec. Merci

    14 janvier 2014
  4. Jean Provencher #

    Que vous dire, cher Monsieur Carbonneau, sans vous décourager ? Si votre ancêtre faisait de la sculpture dite «populaire» et éphémère, il ne sera pas facile de trouver de l’information sur lui. Si vous avez des dates relativement précises du moment de ses travaux dans les rues de Québec, peut-être qu’une recherche dans les journaux du temps pourrait vous aider. S’il s’agit d’un sculpteur de type classique, peut-être apparaît-il dans des répertoires ou des dictionnaire.

    David Karel, dans son Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, publié au Musée du Québec et aux Presses de l’Université Laval en 1992, y va d’une courte notice sur un Michel Carbonneau, p. 145-146, né vers 1854 ou 1855 et toujours vivant en 1905. En 1871, il habitait le quartier Montcalm à Québec. En 1881, on le retrouve dans le faubourg Saint-Roch et un Michel Carbonneau jr habitait rue Bagot, dans Saint-Sauveur, en 1890. Vous pouvez consulter cet ouvrage dans le réseau des bibliothèques de la ville de Québec, en particulier à la bibliothèque Gabrielle-Roy. Je pense qu’il est encore possible de se le procurer à l’état neuf au coût de 90$, me semble bien.

    Quoi vous dire ? Persistez, soyez aux aguets. Il peut arriver de petites moments comme ceux-là où vous allez crier Euréka.

    P.S. Ce répertoire de David Karel, l’œuvre d’une vie, est vraiment le meilleur en ce domaine. Je n’en connais pas qui lui arriverait à la cheville.

    15 janvier 2014
  5. guy carbonneau #

    mon grand père michel carbonneau a sculpté les armoiries de la ville de quebec; il a aussi sculpté le fameux chariot funéraire (je pense lépine cloutier) qui a été longtemps en exposition dans le bas de la côte (ou était l’hotel dieu de quebec) ; le gouvernement d equebec du temps lui avait donné une bourse de perfectionnement pour la France ou il a ramené un platre de diane la chasseresse avec médaille de sculpture; j’ai ce plâtre en ma possession; mon grand père a sculpté dans de nombreuses églises dont la basilique de quebec; un journal anglais parle de lui en des termes élogieux mais c,est tout ce que j’ai j,aurais aimé en savoir plus sur son œuvre mais je ne sais ou m’adresser; il doit y avoir certainement des journeaux de l ‘époque ou les images de ses sculptures (surtout celles en glace )sont un peu plus précises. J’ai vu étant petit celle du loup ; il y avait aussi un train presque grandeur nature puis un homme qui jouait du violon …..mais malheureusement toutes ces photos furent détruites par un de mes frères plus jeune;j’aimerais les retrouver; ici on parle certainement de michel carbonneau rue Bagot car très très jeune j’ai demeuré là et je le voyais sculpté. je vous donne la référence du journal anglais: http://nyshistoricnewspapers.org/lccn/sn89071107/1928-02-19/ed-1/seq-6.pdf

    7 décembre 2014
  6. Jean Provencher #

    Il ne faudrait pas vous surprendre, cher Monsieur Carbonneau, ça peut être un travail à bien longue haleine. Commencez par aller fouiller aux archives de la Ville de Québec, au quatrième étage de la bibliothèque Gabrielle-Roy. Qui sait, vous pourriez peut-être trouver des pistes qui vous mettraient sur d’autres pistes.

    Bonne chance.

    7 décembre 2014
  7. Marie-Josee #

    Bonjour,

    Je vis maintenance a Cleveland au USA. Nous sommes alles au Carnival il y a quelques annees. Mon mari Americain me demande de lui trouver la chanson  » salut bonhomme » chantee par une dame. Tres vieille chanson. Quand elle chante, on dirait quelle pleure. Auriez-vous un nom? Merci.

    21 février 2015
  8. Jean Provencher #

    Étrange, chère Madame Marie-Josee. Ce que j’ai pour cette chanson, ce sont les renseignements suivants :

    En 1962, au couronnement de la reine Gigi Bédard, duchesse de Montcalm, on entend pour la première fois la chanson Salut Bonhomme, une composition de Cécile Bouchard et Omer Létourneau, interprétée par le baryton Guy Lepage. Je n’ai aucun renseignement à l’effet qu’une dame l’ait interprétée; la version qui est passée à l’histoire est celle de Guy Lepage.

    Votre amour peut-il confondre cette chanson avec la plus connue de toutes interprétée dès 1955 par Pierrette Roy, «Carnaval, Mardi gras, Carnaval. À Québec, c’est tout un festival…. »

    21 février 2015
  9. agnès lavallée #

    je possède le monde illustré de ce carnaval 1894

    1 février 2023
  10. Jean Provencher #

    Bravo, chère Agnès ! C’est une bien belle pièce historique !

    1 février 2023

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