Skip to content

Décès d’Alphonse Lusignan (1843-1892)

Sauf dans le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, sous la direction de Maurice Lemire, avec Jacques Blais, Nive Voisine et Jean Du Berger, on ne parle jamais dans les dictionnaires de littérature d’Alphonse Lusignan. Personnellement, j’aime cet homme épris de la qualité du français québécois. Et rappelez-vous, nous en parlions déjà, il posait la question  « Que faire avec les vieux journaux ? » Et il évoquait le sort du pauvre maître de poste de Pointe-Gatineau.

Histoire de contredire ceux qui n’ont pas jugé bon qu’ils passent à l’histoire, signalons au moins son décès. Pour la suite du monde. L’avocat et archiviste Édouard-Zotique Massicotte, de l’hebdomadaire montréalais Le Monde illustré, lui rend hommage le 23 janvier 1892.

« Son souvenir vivra, ces mots que Lusignan écrivait naguère, au bas d’un article consacré à Bienvenu, s’appliquent parfaitement à l’auteur, dont nous avons aujourd’hui à déplorer la perte douloureuse.

Oui, son souvenir vivra, surtout parmi nous, de la jeune génération, car ce littérateur, notre aîné, fut un oseur et un vaillant soldat. Pas un plus que lui n’a combattu mieux pour chasser les expressions vicieuses qui se glissaient sans bruit, dans notre langue, comme des serpents dans l’herbe touffue.

Pas un plus que lui n’a combattu mieux pour donner aux écrivains leurs coudées franches.

Ce fut un brave qui lutta courageusement, mais loyalement. Sa critique, toujours de bon aloi, accordait à chacun, selon son mérite et son genre, ce qui lui revenait.

Après avoir rédigé le Pays, aux temps mémorables de l’ancien parti libéral, presque radical, il fut nommé secrétaire particulier de sir A. A. Dorion, sous le ministère Mackenzie, et, plus tard, secrétaire de l’honorable juge Fournier.

C’est en cette dernière époque que Lusignan se fit littérateur vrai.

Maniant la plume comme un écrivain de race, «il adorait écrire franc et net, dire sa pensée tout haut». Son volume, Coups d’œil et coups de plume, a été un régal littéraire.

Paris même, la capitale du monde des lettres françaises, l’a apprécié. Ce livre eut un joli succès.

Son style, sobre et précis, annonçait un caractère résolu, énergique, d’homme sérieux, qui ne veut pas poser, mais qui se sait méritant.

De ces chroniques données aux lecteurs de la Patrie, il faisait des causeries pleines de charmes, sans pédanterie, à la bonne franquette. De cette manière, il touchait beaucoup plus que ne le font certains autres avec tout leur fatras.

Graves habituellement, ses écrits n’en renfermaient pas moins, aux jours gais, de ces mots qui faisaient sourire de plaisir, de ces phrases qui faisaient bondir de surprise, par l’ironie mordante et spirituelle qui s’y cachait.

Malgré la certitude qu’il avait de sa fin prochaine, jamais on ne remarqua chez lui de défaillance. Presqu’aux portes du tombeau, il brandissait encore sa plume, et avec cette arme redoutable il ferraillait contre les abus, les torts de tous.

Outre ce livre de nouvelles, on a encore de lui une brochure : Fautes à corriger, et un Index analytique des décisions judiciaires rapportées de 1864 à 1871.

C’est là tout son bagage. Néanmoins, cela suffit pour que son nom reste.

Son souvenir vivra. »

 

Pour en savoir un peu plus sur Lusignan, voir ce site : http://catfran.flsh.usherbrooke.ca/chroque/chroniqueurs_lusignan.php

L’image ci-haut d’Alphonse Lusignan est accolée à ce texte du Monde illustré du 23 janvier 1892. On la trouve à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm, au descripteur «Lusignan, Alphonse, 1843-1892».

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS