Le Gaillet trifide
Quelle surprise de voir l’avocat et archiviste Édouard-Zotique Massicotte (1867-1947) tenir régulièrement dans Le Monde illustré une chronique de botanique. Dans la série qu’il intitule «Nos fleurs canadiennes», le voici qu’il se lance ici, le 14 janvier 1899, sur le Gaillet trifide.
Disons d’abord que gaillet ou caille-lait vient du grec gala : lait; allusion à la prétendue propriété de cette plante de faire cailler le lait.
Le genre Gaillet produit de si petites fleurs, que la stellaire est presqu’une géante auprès d’elle. La plante qui nous occupe a une fleur à quatre pétales blancs, et se rencontre dans les marais et les lieux humides. Par contre, sa sœur, le gaillet boréal, choisit les lieux pierreux et ombragés.
Les tiges de cette plante sont très grêles, quoique assez longues, aussi sont-elles munies d’aiguillons qui leur permettent de s’accrocher aux herbes plus fortes et de prendre ainsi, avec l’appui des autres, leur place au grand air. C’est pour cela qu’on en fait l’emblème de l’importunité.
Les gaillets font partie d’une famille nombreuse et de grande renommée : les Rubiacées. Elle ne compte pas moins de deux cent vingt-huit genres et deux mille neuf cent quatre-vingt deux espèces, au nombre desquelles se trouvent la garance (rubia tinctorum), qui fournit une belle teinture rouge; le cinchonas et l’exostemma du Pérou, qui fournissent le quinquina, tonique et fébrifuge sans égal; l’ipécacuana, ce vomitif d’un emploi journalier en médecine; enfin, le caféier (coffea arabica) dont le fruit sert à préparer cette boisson qui est aujourd’hui d’un usage universel et qui, lui seul, suffirait à illustrer la famille la plus pauvre et la plus modeste.
L’image du Gaillet trifide (Galium tridium, Small bedstraw) provient d’un ouvrage magnifique publié par le Montreal Star, Wild flowers of Canada (Montréal, 1894).
Il me semble bien qu’enfant, c’est cette plante que nous appelions «Larmes de bébé». Ou ce pourrait peut-être être plutôt celle-ci.
Trackbacks & Pingbacks