Aujourd’hui, sur le babillard (seconde partie)
J’avais tous mes oiseaux avec moi. Mésanges abondantes, pics mineurs et chevelus, geais bleus, tourterelles tristes, sizerins flammés, junco ardoisé, bruants hudsoniens, et qui d’autre encore. Nous vivions notre vie ensemble, sans la cohue des magasins de la ville. Chacun, chacune à sa vie propre, à sa besogne.
Soudain, cet oiseau absolument silencieux se présente. La peur s’installe. Voilà la mort prochaine pour quelqu’un d’entre nous, se disent mes oiseaux, qui tous disparaissent immédiatement, même les mésanges et les sizerins, ce qui est fort rare. Un silence incroyable plane sur le terrain. Seul, absolument seul, un geai s’amène manger son croûton de pain, comme si de rien n’était, mais au-dessus d’elle cependant. L’oiseau silencieux me regarde. Je clique quelques fois. Je m’empresse. Je n’espère pas qu’il parte tout de suite, car il est rare. Après une trentaine de secondes, il s’envole vers le nord-est et ne reviendra pas. Mais mes oiseaux mettront bien une quinzaine de minutes avant de se laisser voir.
Cet oiseau silencieux me semble bien être la Pie-grièche grise, ou boréale (Lanius excubitor, Northern Shrike). Peut-être un jeune. C’est une chasseresse et, comme sa cousine, la Migratrice, elle empale sa victime sur une épine, ou le bout d’une branche, après l’avoir attrapée. Sans doute pour mettre le temps de la déguster.
La mort rodait.
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