Contribution à l’histoire du jour des Morts
Les anthropologues croient que nous avons fait preuve d’«humanité» pour la première fois lorsque nous avons commencé à avoir quelque considération pour la dépouille des nôtres. Bientôt viendront des rites d’ensevelissement. Et puis naîtront des religions qui chercheront à préciser un Au-Delà, incapables de supporter la perspective qu’il n’y ait rien après la mort, autrement que de continuer à vivre grâce aux vivants. Des religions, avec, chacune, leurs représentants, leurs codes et leurs règles pour pouvoir accéder au bonheur éternel.
Dans le catholicisme, la chose est simple. Vous mourez ? Le Paradis, le Purgatoire ou l’Enfer vous attend. Pour le Paradis et l’Enfer, tout est dit, c’est la félicité perpétuelle ou la souffrance éternelle. L’entre-deux est plus embêtant. On y brûle comme en enfer, mais que pour un temps, non précisé. Et, pour en sortir, il faut l’aide des descendants, toujours sur terre. De là, la célébration du jour des Morts, donner un coup de pouce à ceux qui peuvent être sortis plus rapidement du feu du Purgatoire. Ce jour-là, l’assistance à la messe est donc souhaitée. Mais voilà que, dans certains pays, les croyants peuvent même entendre trois messes.
L’Écho des Bois-Francs du 5 novembre 1898 raconte.
La Noël a le privilège d’avoir trois messes auxquelles le peuple a la dévotion d’assister; certains pays ont aussi trois messes au 2 novembre, afin de multiplier les grandes supplications qui se font pour les trépassés.
La fête de la Commémoration des défunts est d’origine toute française, elle fut établie à Cluny, par saint Odilon, le 1er novembre 998, pour ses monastères, et, de là, s’étendit à tout le pays.
On sait avec quelle solennité le cardinal Perreault fera célébrer à Cluny, au 1er novembre prochain, le IXe centenaire d’une fête si précieuse au Purgatoire, si glorieuse pour son pays d’origine, la France.
Au moment où la dévotion à la Commémoration des trépassés acquiert ainsi comme un renouveau, il est juste de rappeler qu’un postulatum, signé de nombreux évêques, a supplié Léon XIII de vouloir bien étendre à tous les diocèses le privilège accordé à quelques-uns, de célébrer trois messes pour les défunts le 2 novembre.
Un mot sur l’histoire de ce privilège :
Autrefois, il était restreint à l’Aragon, où il existait de temps immémorial, et où il avait été confirmé par les Papes. Il y a cent cinquante ans, le 21 août 1748, Benoît XIV l’étendit, à la demande des rois d’Espagne et du Portugal, aux vastes territoires dépendant alors de ces pays et à ceux qui en dépendraient à l’avenir.
Le privilège est conservé aujourd’hui à ces immenses contrées qui furent espagnoles ou portugaises, sous quelque domination qu’elles soient, au Brésil et au Chili, en Amérique, en Océanie, comme au Roussillon, en France.
Dès que l’Espagne, contrairement à la mode du jour, plantait son drapeau quelque part, le privilège existait, dit la bulle, en sorte que si la fière armée espagnole eût pris Washington au lieu de prendre Cuba, ipso facto, par la bulle de Benoît XIV, le privilège des trois messes eût été concédé aux États-Unis.
Je vous ai lu à plusieurs reprises durant mes cours d’histoire au Cegep et à l’université (mineur en histoire). C’est vraiment un plaisir pour moi de vous lire à nouveau via votre blogue.
Merci beaucoup, chère Vous !