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Le jour des Morts

Dans la presse québécoise du début du 20e siècle, je n’ai pas trouvé à ce jour de trace de l’Halloween. Même dans les villes de Montréal et Sherbrooke où vivent plusieurs Anglophones.L’unique mention est celle du journal Le Soleil datée du 2 novembre 1903, qui ne laisse absolument pas entendre que les enfants vont par les rues pour réclamer leur tribut. Les enfants des écoles St-Patrice s’uniront, ce soir, à leur école et jouiront d’un Halloween bien mérité. Un beau programme a été préparé et il y aura des rafraîchissements. M. P. E. Bowen a promis d’être présent avec son gramophone.

Cela dit, les curés de chacune des paroisses québécoises exhortent leurs paroissiens à visiter le cimetière, le 2 novembre. À Montréal, on ne se fait pas prier, on s’y rend en foule. La coutume veut, au début du 20e siècle, qu’on organise un grand pèlerinage au cimetière de la côte des Neiges, présidé par l’évêque de la ville. La gravure ci-haut fait la une de La Patrie du 3 novembre 1902. Le journal précise que plus de 50 000 personnes étaient présentes la veille, jour des Morts.

Par ailleurs, durant tout le mois de novembre, dans de nombreuses paroisses du Québec, on sonne le glas chaque soir à huit heures. Plusieurs journaux évoquent ce fait. Voici, par exemple, ce qu’écrit le journal Le Soleil le 4 novembre 1908 : Depuis le commencement du mois des Morts, la cloche tinte à 8 heures du soir pour rappeler aux fidèles qu’ils doivent prier pour les défunts. Le son lugubre de la cloche pénètre tous les foyers, se fait entendre par tous. C’est alors que chacun se rappelle les disparus et prie pour eux.

D’autre part, il arrive qu’on signale des faits hors de l’ordinaire se produisant le 2 novembre. Dans un texte intitulé Une légende du jour des morts, le correspondant de La Patrie à Sorel écrit le 5 novembre 1902 :

Le jour des morts a encore ses légendes. Le gardien d’un établissement important, qui a sous ses soins une douzaine de magnifiques chevaux, me raconte, avec une bonne foi dont nul ne peut douter, l’aventure suivante qui lui est arrivée durant la nuit des morts.

Il avait laissé la veille à 9 heures ses chevaux bien pansés et bien soignés. Comme d’habitude à 5 heures le matin, il retourna à ses bêtes. Quel ne fut pas son étonnement de voir ses chevaux en train de manger la portion habituelle de foin, d’avoine et de moulée que lui seul a l’habitude de leur servir chaque matin.

Lui seul a les clefs de cette écurie et lui seul sait la manière de soigner ces chevaux et la quantité à leur donner. Le tout du reste avait été fait avec un soin admirable.

Ce gardien, dont personne mettra la parole en doute, a été fort intrigué comme on pense de cet incident qui semble emprunté au surnaturel.

Ah, manifestement, voilà le travail de lutins bienfaisants.

 

3 commentaires Publier un commentaire
  1. danielle Aymard #

    J’aimerais savoir à quelle date la tradition d’aller se recueillir sur les tombes des défunts le 2 novembre a cessé ou bien diminué au Québec. Est-ce que la fête Halloween a remplacé cette tradition?
    La fête de Toussaint le 1 novembre était-elle fériée, et en quoi consistait-elle?
    Ces renseignements figurent peut-être dans votre ouvrage, mais nous l’avons prêté à un ami après votre conférence… merci!

    10 novembre 2011
  2. Jean Provencher #

    La Toussaint, chère Danielle, au début du 20e siècle, était fête légale (chômée) et obligatoire. Donc, pour les catholiques, il y avait messe obligée. La tradition d’aller se recueillir sur la tombe des défunts le 2 novembre, jour des Morts, s’est étiolée, au fil du temps, au cours du 20e siècle. Au milieu de ce siècle, plusieurs familles allaient encore fleurir la tombe des défunts le 2 novembre.

    Je ne suis pas certain que l’Halloween, arrivée vraiment au 20e siècle, ait joué le rôle de remplacement à la Toussaint ou au jour des Morts. À mon avis, l’Halloween fut immédiatement une fête profane et «commerciale».

    10 novembre 2011

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