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Disparition du Petit Windsor

Au printemps de 1899, disparaît à Montréal, au 112, rue Viger, coin Saint-Laurent, une sorte de «cœur de vie», le Petit Windsor, le genre d’établissement au sujet duquel on se dit «Ah, si ses murs pouvaient parler». La Patrie du 13 avril 1899 raconte ce site tout de même bien humble, mais charmant en apparence.

Le Petit Windsor n’existe plus !

Joe Poitras a transporté ailleurs sont établissement si achalandé et la hache et le pic du démolisseur font tomber murs, poutres, solives, de ce qui, durant 13 ans, a été le rendez-vous de tous les athlètes comme de tous les véritables gourmets des huîtres.

Qui ne connaissait pas le Petit Windsor et son propriétaire ? Aux jours des grandes fêtes nationales et religieuses, aux grandes réceptions aux chefs politiques comme aux démonstrations publiques, l’établissement se parait de fleurs variées, de drapeaux de toutes les nations et, le soir, au crépitement des fusées, au bruit assourdissant des pièces pyrotechniques, Joe Poitras se réjouissait de la joie des autres.

Et pourtant, dès le début, ce coin de la côte St-Lambert et de la rue St-Jacques n’avait rien de bien remarquable. Poitras nous racontait lui-même que, lorsqu’il vint s’établir à cet endroit, il n’avait à offrir en vente que le contenu d’un quart d’huîtres sur lequel flottaient deux pauvres petits drapeaux. Il occupait un espace de 15 par 9 pieds.

La vogue vint et permit à Joe Poitras d’agrandir graduellement et son volume d’affaires et son établissement.

Et alors l’on vit se succéder dans ces modestes salles à dîner, comme au comptoir où l’on ouvrait les huîtres si délicieuses, les champions de la boxe, les hommes forts du monde, les sports de toutes sortes.

Entre temps, les hommes politiques les plus en vue ne négligeaient pas d’aller voir l’ami Poitras, ne sachant s’ils devaient admirer plus la franche gaieté du propriétaire ou la succulence des huîtres en soupe ou sur le plat qu’on leur servait.

Le Petit Windsor n’existe plus. Des constructions plus spacieuses vont s’élever sur ses ruines, mais personne de cette génération n’oubliera le vieux coin en briques, à larges fenêtres autour duquel flottaient comme dans une apothéose, aux jours des grandes fêtes, les drapeaux de toutes les nations.

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