On s’en prend au chevreuil
Au sud du fleuve Saint-Laurent, il n’y a pas que le caribou qui paie le prix de la présence humaine. Constat d’un inspecteur du gouvernement dans le district d’Arthabaska.
M. H. Audette, inspecteur de chasse du gouvernement, qui a fait un voyage de deux semaines dans le district d’Arthabaska dans l’intérêt du département, donne les informations suivantes sur le gibier dans le district.
Le chevreuil, dit-il, est très nombreux dans cette région, mais on en fait un massacre effroyable. L’embarras est dans la difficulté de se procurer des preuves pour obtenir une condamnation. Le massacre a été très facile cette année par suite des fortes tempêtes de neige qui ont eu lieu. Elles ont eu pour effet de faire sortir les chevreuils des bois et de les amener en rase campagne et là ils étaient tués par centaines par les fermiers.
Vous pourrez un peu vous faire une idée du carnage quand je vous dirai que pendant mon court séjour je n’ai pas relâché moins de 65 chevreuils qui avaient été capturés par les fermiers et qui attendaient le moment favorable pour en disposer. Un fermier en avait 16 à lui seul.
Je les ai renvoyés dans les bois où ils ont pu regagner les endroits qu’ils avaient l’habitude de fréquenter. Je n’ai pas poursuivi les fermiers parce que je croyais qu’un avertissement serait suffisant. Dans ce district, on peut dire que le chevreuil est en quelque sorte une nuisance, surtout en été alors que ces animaux pénètrent dans les champs et causent des dommages considérables aux récoltes.
Il se fait un mouvement dans ce district pour demander au gouvernement non seulement la permission de tuer tous les chevreuils possibles, mais même qu’il soit accordé une récompense pour toute tête de chevreuil abattu.
Mon cher ami Pierre Morisset, biologiste, me dit que chevreuil et cerf de Virginie sont deux bêtes différentes, toutes deux de la famille des Cervidés, mais seule l’une d’entre elles se rencontre en Amérique du Nord: le cerf de Virginie. Le chevreuil européen (Capreolus capreolus) est plus petit: 65 à 75 cm seulement de hauteur au garrot. Notre cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) a été baptisé populairement « chevreuil » par nos ancêtres sans doute parce qu’il leur rappelait leur chevreuil de France, malgré sa plus forte taille. Donc, strictement, pour les biologistes, chevreuil et cerf de Virginie sont deux espèces différentes de cervidés. Au Québec, pour les gens en général, c’est la même espèce ! Ce qui m’amuse, c’est que des amateurs de chasse, quand ils parlent de la bête, la nomment cerf de Virginie, mais ils vont quand même à la chasse au chevreuil.
L’article ci-haut est extrait du Quotidien de Lévis, édition du 14 avril 1898.
La photographie coiffant l’article fut prise une journée d’août 2005. Un cerf de Virginie (White-tailed deer, Odocoileus virginianus) était venu, à mon grand bonheur, manger des pommes tombées dans mon verger. Le chat de la voisine, Tobi de son vrai nom, mais que j’avais surnommé Panthère, ne l’a pas encore aperçu au moment de la prise de la photo. Le voyant soudain, ne me laissant pas le temps de photographier davantage l’animal sauvage, il se rendit vers lui pour lui conseiller de faire demi-tour, mais il est venu bien près de se faire ruer par la bête et regagna la galerie tout penaud. Je l’avertis sérieusement de ne jamais s’en prendre à des bêtes plus grosses que lui.
J`aime cet article, merci. :o)
Merci, merci.Bon Jour de la Terre, Monsieur Bastien.
merci!
ne lachez pas M. Provencher, partagez encore avec nous les citadins la realité de la cohabitation des êtres humains, des animaux et des plantes.
Merci, chère Christine. Souvent, les humains, malheureusement, prennent beaucoup trop de place et se mettent à occuper des niches où, précédemment, on ne retrouvait que des animaux. Et les humains, vous le savez, choisissent alors de tasser les animaux. Il va nous falloir développer le respect de ces niches, c’est certain.
Hummm,
Petite question. êtes-vous financièrement prêt a empêcher ce genre de chasse par nos agriculteurs?
Sans dénigré l’amour que vous portez aux belle petites bêtes tel le cerf de virginie, nos agriculteur en payent le prix lorsque ceux ci viennent détruire une récolte complète.
Il est vrai que les animaux étaient là avant nous, mais êtes vous prêt a payé dix fois le prix la livre de pommes a cause de la rareté et des coûts élevés de production? Êtes vous prêts a payer 20$ la douzaine de mais?
Savez-vous qu’une cloture de 12 pied n’est pas suffisante pour bloquer les cerfs? Électrifié ou non!
Il faut protéger la chasse abusive, il faut également protégé nos récoltes et empêcher une certaine inflation des prix de nos produits d’agriculture.
Je n’embarquerai pas, Monsieur, dans vos propos. Je vous laisse à vos questions. Merci.