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Hé, hommes de Matane !

Matanais, grands sacreurs devant l’Éternel, soignez donc votre langage. Lorsque vous ouvrez la bouche, arrêtez de vider la sacristie de tous ses objets. Des revenants vous ont à l’œil.

Vous ne voyez donc pas que d’étranges phénomènes surnaturels se passent dans les forêts derrière chez-vous. Vous voilà drôlement effrayés maintenant. Voyez de quoi vous avez l’air auprès de nous qui ne sommes pas de chez-vous ! Lisez donc La Patrie. On nous parle de vous dans l’édition du 18 février 1901.

 

Une grande excitation est causée par de fréquentes apparitions de revenants sur divers points de la contrée. La terreur règne littéralement dans le pays et, dès le crépuscule, les habitants s’enferment dans leurs demeures, dont ils ferment les portes avec le plus grand soin.

Le moindre gémissement du vent, le moindre craquement de branches, le moindre bruit de pas sur la neige durcie les fait tressaillir.

Un homme de bien, dont une partie de la vie fut employée à combattre les blasphémateurs et qui succomba, il y a quelques années, aux suites d’un accident, se montre maintenant aux blasphémateurs et leur reproche leur conduite.

C’est surtout dans les bois où maints mécréants promènent leur ivresse et font retentir les échos de leurs jurons que le prédicateur d’outre-tombe apparaît.

La population est terrifiée pas ces manifestations surnaturelles, mais elle espère que la frayeur que les blasphémateurs ressentent à la vue du défunt sera profitable et qu’ils ne resteront pas insensibles à ses avertissements. Elle est du reste décidée à se montrer énergique pour mettre une fin à la triste habitude qu’ont tant d’hommes de profaner les noms sacrés.

 

Cette sculpture de revenants, fabriquée dans le tronc d’un arbre, est d’Honoré Hunt, de Pabos Mills, en Gaspésie. Né en 1959, il doit tenir cela de son oncle Gerald, le frère de son père, qui, lors de ses promenades en forêt, repérait des formes dans les arbres, dans les branches qu’il s’appropriait pour en faire des pièces décoratives et des sculptures. «Mine is something have seen in the trees, it is not the same carving.» J’emprunte ces mots sur Gerald Hunt à Céline Gélinas, Un art pas si bête. L’art populaire en Gaspésie, une publication du Musée de la Gaspésie en 1993.

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