La haute saison des combats de coqs
Dans la presse québécoise du début du 20e siècle, je trouve des mentions de batailles de coqs depuis Hull jusqu’à Québec. Jamais aussi nombreuses que de décembre à mars, elles sont florissantes dans la région de Québec. Et n’allez pas croire que seul les gens de condition modeste aiment les combats de coqs. La Presse du 11 juin 1900 rapporte la nouvelle suivante : La police provinciale, assistée du curé de Sillery, a empêché, hier, une bataille de coqs qui devait avoir lieu en cette paroisse.
Dans les journaux, on appelle fameux, coquetiers, coqueleux ou cocassiers ceux qui font battre les coqs. Et ces coqs sont souvent appelés games. Il est défendu aux femmes d’assister aux combats de coqs. Les batailles se tiennent souvent le dimanche et l’épouse ne doit pas savoir où son mari est parti. En principe, ces combats sont défendus, parce que cruels, et on y gage de bonnes sommes d’argent. Mais, lorsqu’on met la main au collet des organisateurs, ceux-ci s’en sortent, en cour municipale, avec le paiement d’une mince amende ou un simple avertissement.
Habituellement, un combat se termine à la mort d’un des deux combattants. Les oiseaux, munis d’éperon sur l’ergot, cherchent à se défigurer l’un l’autre. On imagine l’atmosphère autour de l’arène. On crie pour que survienne l’agonie.
Voici le compte-rendu d’une descente de police à quelques heures du jour de l’An. Le journal Le Soleil du 3 janvier 1902 nous la raconte.
Quelques personnes étaient sous l’impression que depuis quelque temps il était bien difficile pour les amateurs de bataille de coqs de se livrer à leur amusement favori, vu que la police avait pendant un certain temps mis le grappin sur les récalcitrants. Il en restait toujours quelque chose, et pour preuve, les fameux n’en continuèrent pas moins à nourrir leurs coqs games, et, de temps en temps, on pouvait se rencontrer dans un certain endroit pour y entraîner les fameux combattants.
En fin de compte, dimanche dernier [le 29 décembre], c’était le grand jour, tout avait été préparé : éperons, balances, et tout ce qu’il faut pour cette sorte de joute. Mais, malheureusement, à l’heure psychologique, à l’heure où les paris se font, la police frappa à la porte du lieu de rendez-vous. Ce fut un sauve qui peut général. Dans deux minutes, il ne restait plus que les coqs au nombre d’une dizaine, 3 capots de fourrure, et quelques claques.
Le détective Sylvain, accompagné du constable McCarthy de la police provinciale n’eurent qu’à s’emparer des objets laissés sur le champ de bataille. Plusieurs de ceux qui faisaient battre les coqs sont bien connus et un mandat d’arrestation a été émané contre eux. Ils auront à répondre à l’accusation lundi prochain.
Par la suite, le journal ne fait pas état de ce qu’il advint des organisateurs de ces combats de coqs.
La gravure montrant un fier coq game est extraite de L’Album universel, du 26 juillet 1902. Source : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/detail/5229.jpg
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