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Lendemain de tempête

Hier, le Quotidien de Lévis n’était guère bavard au sujet de cette première tempête de neige. Sans doute que l’heure de tombée de la matinée l’empêchait d’être plus loquace. Aujourd’hui, 28 décembre 1894, le voici disert. Ce fut finalement une grosse tempête.

Dans leurs pronostics, les prophètes du temps ne nous ont pas annoncé la date d’hier avec la tempête telle qu’elle a sévi, ou bien, la foi qu’inspirent les pronostiqueurs doit être bien faible parmi le peuple. En effet, bien du monde a été surpris.

Des voyageurs ont dû dételer en chemin, laisser leur voiture à l’abandon pour se sauver avec leur bête dans une maison voisine. Ainsi, dans la route qui longe le chemin de fer depuis la station du Grand-Tronc jusqu’à celle d’Hadlow, deux voitures étaient culbutées et enterrées dans la neige.

Les suites de la tempête ne se forment pas à des arrêts forcés de voyageurs, arrêts dont l’hôtelier a profité, l’ami pour obliger un autre ami.

Il y a eu encore des dégâts matériels à enregistrer. Les maisons principalement exposées aux coups de vent ont beaucoup souffert, les charpentes en ont cédé et certaines réparations seront nécessaires. À St-David, chez M. Timmermans, un hangar est fortement incliné et menace ruine; dans les chemins, surtout aux carrefours, les bancs de neige s’élèvent à une assez bonne hauteur et, ça et là, on trouve des branches d’arbres éparpillées.

La quantité de neige tombée est assez considérable.

Tous les trains ont subi des retards notables à cause de l’encombrement des routes. Ainsi, pour n’en désigner qu’un seul, le train de Montréal, dû à Lévis à 2. 10 hrs de l’après-midi hier, n’est rentré en gare qu’à 9.30 hrs du soir. À certains endroits, les eaux du fleuve ont débordé et inondé les chemins. Devant la station de l’Intercolonial à Lévis, il y avait hier soir 5 à 6 pouces d’eau sur la voie ferrée. En d’autres endroits de la route, on a également rencontré de l’eau provenant du débordement du fleuve. […]

La vélocité du vent hier après-midi était très remarquable.

À Québec, plusieurs personnes ont été jetées à terre par le vent et on nous dit que quelques-unes n’ont dû leur salut qu’au secours qui leur fut porté.

En face du Parlement, près du Bureau de Poste et du Château Frontenac, il était impossible de se tenir debout et plusieurs chevaux et voitures ont été renversés.

La voiture qui conduisait l’hon. Dr. Ross au Parlement a été renversée sans dessus dessous et le cheval jeté dans la neige les quatre fers en l’air. M. Ross, heureusement, n’a eu aucun accident. […]

Toute la soirée, hier à Québec, a été plongée dans l’obscurité. Grand nombre de poteaux supportant les fils téléphoniques et de la lumière électrique ont été cassés, et ce matin il y a désarroi complet dans le téléphone. […]

La neige était balayée avec tant de force dans les rues que les piétons avaient toutes les misères du monde à aller contre le vent. Il leur fallait souvent se retourner pour prendre haleine.

Hier après-midi, il était impossible de communiquer de Lévis à Québec.

La tempête a fait rage toute la journée et duré une partie de la soirée.

Ce matin, le temps était calme, le ciel clair et le vent piquant.

Source de l’illustration : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/detail/3282.jpg. Il s’agit d’une gravure du journal L’Opinion publique, du 1er janvier 1874, intitulée La bordée du nouvel an.

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