La visite des crèches
Il était une coutume, me semble bien, dans les communautés qui comptaient plus d’une église, celle de visiter les crèches entre la Noël et le Nouvel An. Gens de la ville, en avez-vous souvenir ? Nous aimions partir à la connaissance de ces scènes de la Nativité. Chaque crèche avait ses particularités. Certaines étaient plus spectaculaires que d’autres. Et toujours, à proximité, l’ange qui opinait du bonnet sitôt qu’on lui laissait une pièce de monnaie. Au retour, en fin d’après-midi, on débattait de la crèche la plus belle.
Étonnamment, les journaux de Montréal et de Québec, par exemple, n’en parlent guère. Seul Le Soleil évoque la chose. Et encore, seulement à deux reprises en 1908.
Le 26 décembre, le journal n’a que des éloges pour la crèche de l’église du faubourg Saint-Sauveur, à Québec. Sans crainte de la contradiction, nous pouvons dire que la crèche de Saint-Sauveur est la plus réelle et la plus vraie. Tout y est. Cinq jours plus tard, le 31 décembre, il revient à la charge, toujours au sujet de cette crèche des Oblats à Saint-Sauveur. La foule ne cesse d’affluer à la crèche de l’Enfant Jésus. Faut dire aussi qu’elle est la plus belle de la ville et qu’elle est d’un réalisme frappant. Il a fallu plusieurs jours d’un dur labeur pour faire l’installation de ce chef-d’œuvre du genre. C’est une fête pour les enfants que d’aller voir et contempler le Divin Enfant dans sa Crèche.
En 2004, l’architecte Raymond Martineau publie un ouvrage aux Éditions MultiMondes et à la Société historique du Cap-Rouge intitulé Mémoires d’enfance. Une merveille de livre, à la fois écrit et dessiné. Il faut l’avoir en main pour comprendre. Né à Québec en 1912, Monsieur Martineau nous décrit et dessine sa vie d’enfant à Cap-Rouge et dans le faubourg Saint-Jean à Québec. Et il n’a que des éloges pour la crèche de Saint-Sauveur.
Le Jeudi-Saint, on visitait les églises. J’avais cru saisir que, si on visitait un certain nombre de reposoirs on gagnait une indulgence «plein-air» qui nous garantissait de ne jamais aller en enfer. Ça me semblait une bonne affaire et j’étais prêt à tout visiter. Mais c’était à Noël que la visite était intéressante; il y avait des crèches partout, dont une (à St-Sauveur, je crois) comportait des montagnes avec des tunnels d’où sortait et rentrait un petit train électrique; des côtes où montaient et descendaient — Tout Seuls — des voitures et des camions miniatures; un ciel où apparaissaient des étoiles et des anges lumineux. On aurait pu regarder ça pendant des heures !
Sur le site suivant des Éditions MultiMondes, vous trouverez l’annonce de ce livre de Raymond Martineau, ainsi que le texte de la préface que j’écrivais. http://multim.com//titre/?ID=120
Le Jésus de cire apparaissant ici est une œuvre des religieuses Cisterciennes du monastère de Saint-Romuald, aujourd’hui disparu. Il faut savoir que certaines communautés religieuses féminines fabriquaient ainsi des Jésus de cire pour les crèches des églises.
Et voici cette magnifique crèche de René et Julienne Dandurand, de Salaberry-de-Valleyfield. Par ailleurs, je reçois d’un ami, Claude Bergeron, la photographie de la crèche de Saint-Antoine-de-Tilly, restaurée par son frère Michel voilà quelques années. Claude me fait remarquer qu’on voit bien en bas, à gauche, l’ange qui opine du bonnet lorsqu’on lui laisse une pièce de monnaie. Merci, cher Claude.
Les souvenirs de crèche à l’époque où le réel ne se reproduisait pas si facilement, sont des souvenirs précieux. Mon oncle transformait une pièce entière de sa maison en crèche. Bien sur, il y a avait un arbre de Noël mais c’est ce petit Jésus au milieu d’un village qui nous fascinait. Tout à coup, on le voyait semblable à nous autres, enfant parmi les enfants et les adultes de son village.
Tous les enfants de ma famille gardent un souvenir d’ébahissement, un souvenir sans cesse renouveler année après année.
« Enfant parmi les enfants ». J’aime, Jeanne. Que nous soyons croyants ou non, ça reste une belle histoire. Pour un enfant, en particulier. L’enfant dans la paille, la mère, le père, l’âne et le bœuf pour le chauffage, la crèche, les bergers et leurs moutons, l’étoile, les Rois mages.
Merci Jean d’avoir placé la photo, à mon avis, de l’une des plus belles crèches de la région de Québec. En tout cas, certainement dans la catégories des crèches «classiques» qui, malheureusement, tendent de plus en plus à disparaître. La qualité de ces personnages «géants» – de précieux artefacts – est vraiment à remarquer, tout comme la qualité du rocher. Elle est ainsi «montée» depuis des décennies. Ce qui permet de perpétuer une fort belle tradition!
Merci, cher Claude, de nous donner à partager cette crèche.
Je me permets d’apporter des précisions sur la crèche de l’église de Saint-Antoine-de-Tilly grâce aux informations transmises par ma soeur Claire… Les personnages datent de 1930, exception faite de l’Enfant-Jésus acquis en 1900. Par ailleurs, mon père Hilaire, qui a été sacristain à l’église Saint-Antoine-de-Tilly durant des décennies, nous a informé sur ce qui a précédé la crèche actuelle. Au début du 20e siècle, la Fabrique paroissiale empruntait chez un voisin deux statues, l’une représentant la Vierge et l’autre saint Joseph. On plaçait ces deux personnages avec l’Enfant-Jésus dans le chœur et le trio formait une modeste crèche à l’époque.
Les personnages de la crèche actuelle ont donc plus de 80 ans, ils constituent de fort précieux artefacts !
Ô, merci Claude ! Qui voudra un jour faire l’histoire des crèches de nos églises devra se pencher sur des données tout à fait de cette sorte. Et j’aime savoir que celle de Saint-Antoine a commencé de manière modeste, avant d’être, depuis plus de 80 ans, cette crèche spectaculaire.
Et tu me fais penser. Qu’importe le lieu au Québec, chaque endroit a commencé par être un bien modeste territoire de colonisation. Je me demande bien ce que devait être une crèche dans la première petite chapelle qu’on construisait à un moment donné.
Et puis, est-il arrivé que, dans un camp de bûcherons, en plein hiver, l’un d’entre eux prenne sur lui de disposer une petite crèche quelque part ? Dans notre histoire, on présente souvent les bûcherons comme des mal dégrossis, n’hésitant pas même à pactiser avec le diable. Peut-être que certains, sans pourtant la présence d’un prêtre dans les environs, se sont laissés attendrir par cette histoire de la Nativité ? Qui sait ?
Effectivement, Jean, il reste encore beaucoup à connaître sur l’histoire des crèches, cette thématique riche et universelle particulièrement en milieu de colonisation et forestier.
Pour l’instant, l’on peut notamment consulter que de rares mais heureusement excellents ouvrages comme celui publié par Pierre Lahoud et Sylvie Blais sur Noël (La Fête de Noël, publié en 2007 aux Éditions de l’Homme). On y présente de fort intéressantes informations sur les crèches ainsi que sur les Jésus en cire d’abeille.
Voilà qui ajoute encore, cher Claude. Merci.
Pour conclure et préciser une information sur la crèche de Saint-Antoine-de-Tilly…. L’ange-merci ou l’ange-qui-dit-merci en opinant de la tête, comme tu l’aurais si bien dit, Jean, est postérieur aux autres personnages de la crèche. Il date des années 1960 ou 1970. Ce personnage est encore disponible aujourd’hui dans une boutique spécialisée en accessoires religieux à Québec, tout comme les Jésus en cire.
Merci, cher Claude. Je ne savais pas que nous pouvions encore nous procurer de ces anges qui opinent du bonnet et de ces Jésus de Cire.
Bonjour ….je suis à écrire un livre sur LES CRÈCHES …. j’aimerais vous enjaser!
Merci mon cher!
Bonjour. Je ne suis pas du tout certain de pouvoir être davantage utile que ce qui se trouve sur ce site. Je n’ai jamais travaillé sur l’histoire des crèches. Cordialement.