Le vieux cap de Québec
La falaise de Québec est vivante. Elle a une vie bien à elle. Une vie active. Éboulis de pierre, avalanches de neige surviennent à toutes les époques. Les populations de la rue Sous-le-Cap et celles de la rue Champlain pourraient en témoigner.
On affirme que, de 1841 à 1889, 119 personnes sont mortes d’un éboulis à Québec. Le plus grave est sans doute celui du Cap-Blanc, le 19 septembre 1889, dans lequel plus de 40 personnes perdent la vie. L’image ci-haut du photographe Fred C. Wurtele donne une idée de la masse de pierre qui s’est alors soudain décrochée, emportant les maisons à ses pieds.
Voilà que le 27 novembre 1908, le journal Le Soleil rapporte un nouvel éboulis, heureusement sans gravité, dans la partie de la falaise bordant le parc Montmorency. L’article s’intitule Le vieux cap de Québec.
De temps à autre, la falaise laisse répandre sur le sol quelques-uns de ses fragments. Ce matin, un éboulis s’est produit dans le cap, immédiatement en dessous du kiosque du parc Montmorency et l’éboulis composé de terre et de pierre argileuse est venu s’abattre, une dizaine de tonnes environ, sur le gazon, en face du Mountain Hill House, brisant dans sa chute les clôtures d’affichage et les planches recouvrant le mur de séparation entre le cap et la Côte de la Montagne.
L’endroit d’où est parti l’éboulis est très apparent étant d’une teinte beaucoup plus noirâtre qu’ailleurs et laissant prévoir que cet éboulis sera suivi de beaucoup d’autres, la couche de pierre étant ce qu’on est convenu d’appeler de la pierre feuilletée.
Les pluies consécutives et très fortes de ces derniers jours ont considérablement aidé à cette descente de la falaise. Cela nous rappelle le vieux citoyen Lépine, aujourd’hui décédé, à qui on faisait remarquer un jour qu’il y avait eu un éboulis. Il répondit catégoriquement : C’est pas étonnant, ce cap-là est si vieux.
Aujourd’hui, si vous marchez à Québec dans les rues au pied de la falaise, portez attention. À plusieurs endroits, la ville a corseté la falaise, dans l’espoir, bien sûr, d’éviter de nouvelles tragédies.
Source de l’illustration : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds Fred C. Wurtele, cote : P546, D1, P1.
Mon ami André Lévesque, géologue, me fait parvenir le commentaire suivant, qui ajoute drôlement à la connaissance de la falaise de Québec :
C’est un article très intéressant qui fait connaître à la population que notre sous-sol est parfois friable car composé de roches sédimentaires plissées appartenant aux Appalaches. Par contre, il est truffé de beaux cristaux de Quartz qui nous éblouissent lorsque l’on prospecte au pied de ses falaises.
Au fait connaissez-vous ‘’la fée du Cap Diamant qui par les nuits de pleine lune va arracher à la voûte céleste des milliers de fragments d’étoiles pour les semer par la suite dans les falaises de la cité de Champlain’’ ?
Il paraît qu’elle existe !!
Tous mes remerciements, cher André. Faudrait que tu me présentes cette fée, diable !