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Une belle exposition

Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté (1869-1937)

Ne manquez pas l’exposition d’œuvres du peintre et sculpteur québécois Suzor-Côté, qui se tient rue Notre-Dame à Montréal.

À la une de La Patrie du 26 septembre 1901, on en dit beaucoup de bien.

Nous n’apprendrons certainement rien à nos lecteurs en écrivant ici que M. Suzor-Côté est un artiste dans la pleine acception du mot. Élève très distingué de l’École des beaux-arts de Paris, notre compatriote a réussi à décrocher l’an dernier au Salon [de Paris] une mention honorable pour l’un des tableaux qu’il expose aujourd’hui chez MM. Scott et Fils, rue Notre-Dame, et à l’exposition universelle de Paris, une médaille de bronze.

L’exposition […] prend plus de soixante peintures à l’huile et pastels […], mais l’espace dont nous disposons ne nous permet que de dire quelques mots des principaux.

La place d’honneur doit être accordée au tableau dont nous avons parlé plus haut et qui est intitulé sur le catalogue Entre voisins. Trois vieillards, assis devant une cheminée de la campagne normande, se racontent des histoires qui semblent les intéresser vivement. Le feu de l’âtre se reflète sur le plancher et éclaire la scène d’une lueur rougeoyante. Le tableau est peint avec beaucoup de vigueur et une heureuse observation de détails.

M. Suzor-Côté excelle particulièrement dans les paysages. Parmi ceux que nous avons remarqués dans une trop courte visite, nous citerons un Lever de lune dans les landes, un Effet de soleil sous bois, un Soir d’automne dans la plaine, les Derniers rayons, un Matin au bord de l’étang, un Coin abandonné, la Route de Ville d’Avray, un Paysage sur le Seine, Sous bois, la Lisière du bois de Cugnot, Poiriers en fleurs, Les meules de la ferme, Pommiers en fleurs, un Effet de nuage, un Soir d’orage, Derrière la ferme, La plus vieille chaumière de Cernay, Les bords de l’Ivette, Cernay sous la neige.

Tous ces tableaux sont d’une exécution très artistique. Il y a de superbes effets de lumière, de très belles perspectives et, souvent, une grande délicatesse de touche et de coloris.

Deux marines, deux pastels d’un superbe effet, sont exécutés avec beaucoup de vigueur.

Il faut encore citer le Portrait démon vieux mobile, étude très fouillée, et une Fête de jeune fille, excellent portrait.

M. Côté expose aussi plusieurs beaux pastels : le Vieux rentier (un vieillard qui, en fumant sa pipe, lit l’Éclair devant sa porte). Le Batteur de faulx, un Lever de lune en septembre (ce dernier a figuré au Salon de Paris), d’une parfaite exécution.

Nous conseillons aux amateurs de peinture d’aller visiter l’exposition de M. Suzor-Côté. Ils ne regretteront pas leur dérangement.

Aujourd’hui, en 2011, qui aime Suzor-Côté se prend à rêver à une pareille exposition. Il faut savoir que cet artiste a vécu et étudié en France de 1891 à 1894 et de 1897 à 1901. Et le titre de ses œuvres laisse croire qu’il livrait ici en 1901, chez William Scott, qui devient alors son agent au Canada, une partie de sa production alors qu’il habitait outre-Atlantique. Ce fut sans doute une fort belle exposition.

Les points de suspension entre crochets, apparaissant dans le texte de La Patrie, viennent du fait que le microfilm du journal est alors malheureusement illisible.

Source de l’illustration : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection Centre d’archives de Québec, Cote : P1000, S4, D83, PS54

 

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