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Old Orchard

Le Casino, à Old Orchard

Bien oui, j’allais oublier. Alors que les étoiles filantes filent dans le ciel en ce moment, voilà quelques jours à peine, il y eut une excursion à Old Orchard en partance de Sherbrooke. Par train. Une fin de semaine. Les 6 et 7 août 1910. Tenez-vous bien. Le journal La Tribune en fait le bilan le 8 août. Voyez.

Aucune excursion à l’heure actuelle n’a remporté le succès que fut celle de samedi dernier et d’hier. Au départ de Sherbrooke, c’est juste si le train d’excursion a pu contenir les 512 voyageurs qui avaient leur place dans les pullmans ou dans les sleeping-cars, ou tout simplement prenaient leur sort en brave pour aller passer une journée au bord de l’Atlantic.

Dire ce que pendant le trajet fut l’occupation de chacun est difficile. Mais il suffit de savoir que pour le char dortoir spécialement réservé pour l’Harmonie [cette fanfare de Sherbrooke était alors l’une des plus renommées du Québec], cela n’a été qu’un fou rire. Les trucs les plus invraisemblables ont été imaginés pour la circonstance, pendant que dormaient dans les autres wagons les voyageurs de circonstance.

On arriva à Portland à six heures du matin sans s’être aperçu de la longueur de la route. Une nuit d’insomnie n’est rien pour des braves et au retour on n’en dormira que mieux.

À Old Orchard, malgré la lettre reçue par le secrétaire de l’Harmonie, personne ne s’attendait à une réception aussi chaude, et aussi patriotique. Bien que l’on fut en pays Américain, chacun put se croire sur le sol Canadien. Pendant longtemps ça n’a été que des bonjours et des souhaits de bienvenue de la part des familles Sherbrookoises qui sont en villégiature sur cette côte marine. Pour un peu, chacun se serait cru en pays canadien si l’abondance des trains marqués d’un nom américain n’était venue nous rappeler que nous étions en terres étrangères.

La faim est bonne conseillère et grands et petits ont fait honneur au déjeuner d’arrivée. L’Harmonie est descendue au New Palmer House tenu par un Canadien, M. A. I. Jacques.

Toutes les hôtes des tables, qui voisinaient, aussi bien revêtus [sic] de l’uniforme bleu que sous les soies et les gazes des plus beaux marasins [est-ce une mésécriture pour magasin, une faute de frappe du journal ?] se rencontraient là en amis, et il serait trop long de retracer ici et donner les noms des familles, amis de Sherbrooke et avec qui nous avons passé des moments délicieux.

Le repas du midi, qui fut des plus copieux, trouva après une heure les artistes de l’Harmonie, prêts à s’exécuter pour le concert de l’après-midi. La plage entière avait les yeux sur l’Harmonie et ce fut au milieu d’un mur vivant de têtes humaines qu’on ne peut évaluer qu’à dix mille personnes que l’Harmonie défila de l’hôtel Jacques au Casino, où pour agrémenter la situation les jolies baigneuses et leurs cavaliers se rendaient en foule pour applaudir nos artistes.

La salle du grand Casino si bien située en avancement sur l’océan était insuffisante pour contenir visiteurs et résidents de Old Orchard. Pour plaire à tout le monde, le concert a dû être retardé  de plus de 30 minutes pour satisfaire aux exigences de ceux qui se pressaient en foule aux portes d’entrée.

Quoi vous dire de plus pour la suite des choses ? Sinon que, lors de ce concert de l’Harmonie, il a fallu à Tom Coley répéter son solo de baryton, tant les amateurs ont été unanimes à applaudir l’artiste. Le lendemain, on a fait connaissance, flâné sur la plage d’Old Orchard, et puis pris le train de retour vers Sherbrooke. Il le fallait bien. Deux jours aller-retour.

Quelle fin de semaine quand même ! Quel événement dans l’été ! Admettez. Et quel texte de ce journaliste ! Manifestement, il était du nombre Peut-être même payé  pour ce papier par la suite.

Mais nous aurions bien aimé y être nous-même. Allez, chère vous, nous aurions pu être ensemble, voyons. Sylvain Lelièvre avait bien raison de chanter Oui nous irons à Old Orchard, c’t’été. Admettez. Ça vous aurait tenté ?

 

5 commentaires Publier un commentaire
  1. Belle Acadienne #

    Oh! oui, j’aurais bien aimé y être.
    Juste pour laisser mes empreintes de pieds dans le sable, sentir l’air marin, entendre le bruit des vagues et goûter aux fruits de mer.

    11 août 2011
  2. Jean Provencher #

    Sans blague, Belle Acadienne, ce fut sans doute bien agréable.

    11 août 2011
  3. Normand Lacombe #

    J’arrive de quelques jours sur la Côte du Maine où l’on parlait tout autant français que dans ce texte que vous nous relater… La différence, c’est que ce sont les visiteurs québécois qui le parlent. Il n’y reste pratiquement plus de francophones. J’ai entendu deux personnes âgées parler français à Augusta mais les plus jeunes l’ont tout pratiquement tous perdus.
    Beaucoup de québécois fréquentent maintenant le secteur de Wells mais ils continuent toujours d’envahir massivement ce coin qui nous restera toujours un peu mythique qu’un ami de mon fils (alors âgé d’environ 8 ou 9 ans) avait baptisé sur une carte postale « Au lâcheur »

    11 août 2011
  4. Jean Provencher #

    Merveilleux, cher Normand, ce « Au lâcheur » !

    11 août 2011

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