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Choc de titans au-dessus de Québec !

Le nord-est de l’Amérique du Nord, où se situe le Québec, se trouve à la rencontre des courants froids venant du nord-ouest et des vents chauds du golfe du Mexique, une véritable bouilloire. Vous imaginez donc que les grands chocs se produisent au-dessus de nos têtes. Le froid affrontant le chaud. Lutte de titans, parfois.

J’accumule depuis des années des faits se rapportant au climat d’ici. Et tout s’y trouve. De grandes tempêtes. Des étés indiens en plein cœur de l’hiver ou des bordées à ne plus savoir quoi faire avec toute cette neige. De longs jours de pluie interminables ou des moments ensoleillés absolument délicieux. Des ponts de glace qui se forment ou d’autres qui se démolissent. Des jours d’automne qui sont de véritables cadeaux de couleurs. Et quoi encore.

Je vais vous dire, observer le climat québécois à travers la documentation depuis Samuel de Champlain, il y a 400 ans, c’est ne plus se surprendre de rien. Et toujours sourire lorsque nous entendons : C’est bien la première fois que nous vivons pareil phénomène. Habiter le Québec, c’est loger dans le lieu même de la variété, des excès à l’occasion. On ne se demandera pas pourquoi c’est une terre bénie pour les météorologues; ils ont tout pour bien gagner leur vie.

Voici aujourd’hui une violente tempête à Québec en plein cœur de l’été. Laissons maintenant toute la place au correspondant du journal La Presse dans la capitale. Il nous en parle dans son quotidien le 5 août 1907.

La tempête de vendredi a causé des dégâts considérables dans nos environs et les quartiers de notre ville. Ce sont les vitres qui ont souffert le plus de cette grêle de morceaux de glace.

Au Grand Séminaire de Québec, au Petit Séminaire et à l’Université Laval, des centaines de vitres ont été brisées. Les vitrines de MM. Simons et Mainguy, et de la maison Glover, ont été cassées en mille morceaux. Au pied de la rue de la Fabrique, les rails des tramways électriques disparaissaient sous un amas de sable, de roches et de toute espèce de débris, de même, près du monument Laval, le sol était miné et les pierres descendaient la côte Lamontagne entraînées par le torrent formé par les pluies.

Les hangars à fret du C. P. R. ont été considérablement endommagés. Toutes les vitres sont en petits morceaux. Deux navigateurs passaient en goélette, vis-à-vis le quai des Allan, pendant la tempête. Ils ne purent laisser leur barque qui était au large. Ils ont été inondés et la grêle leur a causé quelques blessures, sans gravité heureusement. Plusieurs chevaux, qui ont pris le mors aux dents, ont brisé des voitures de charretier. Sur la rue Claire-Fontaine, M. Savard, qui conduit la voiture de livraison de MM. Proteau et Carignan, brasseurs, s’est fracturé une jambe en courant après son cheval que la grêle et le tonnerre avaient effrayé. Il a eu la jambe broyée sous les roues de sa voiture et a été transporté à l’hôpital Jeffery Hale.

Le quartier Saint-Roch a particulièrement souffert de la tempête. On compte par centaines les établissements de commerce qui ont subi des dommages; les vitrines cassées se comptent dans ce quartier par centaines aussi.

Sur la ligne de l’électrique de Québec à Sainte-Anne, l’orage a eu des effets très malheureux. La grêle a ravagé les champs de blé et de tabac, toutes les moissons. Les cultivateurs souffrent énormément de cette tempête.

À l’établissement de MM. Dussault et Proulx, imprimeurs, 25 vitres ont été cassées. M. Joseph Savard, épicier de la rue Saint-Jean, a recueilli un grêlon, pendant la tempête, l’a pesé et a constaté que son poids était de 14 onces [392 grammes]. À Limoilou, la manufacture de la Canada Cement Co. a été fort avariée. Au delà de 200 vitres ont été cassées.

Les Québecquois se souviendront longtemps de cette affreuse tempête. Nous disions samedi que la chose n’avait jamais été vue, mais espérons qu’elle ne se reverra jamais.

Vraiment, un choc de titans au-dessus de Québec !

 

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