Fête nautique dans la baie de Valois
Le 26 juillet 1898, les villégiateurs de la baie de Valois tiennent une première fête nautique, digne de mention selon le journal La Patrie du lendemain.
Le lac St-Louis a été, hier soir, témoin d’un bien joli spectacle, et ce sont les Canadiens français en villégiature à Valois qui l’ont organisé. Il avait tout d’abord été question d’un parti de chaloupes à la lanterne chinoise. Mais l’idée, en se propageant, fut tellement bien accueillie que tout le monde de Valois et un bon nombre d’amis de la Pointe Claire résolurent de se mettre de la partie, et ce qui ne devait être d’abord qu’une simple petite fête de famille prit les proportions de l’une des fêtes de nuit qui ont rendu Boucherville si justement célèbre.
Au-delà de 40 chaloupes décorées et illuminées avec goût ont pris part à la parade sur le lac. Vue de la rive, la longue file présentait le plus joli coup d’œil imaginable. Le spectacle aurait certes dû être annoncé, car il valait la peine de faire le voyage de Montréal pour en être témoin.
De plusieurs embarcations de cette flotte mouvante, des pièces pyrotechniques furent lancées et les feux de Bengale de diverses couleurs allumés à bord donnaient au spectacle un aspect féérique.
En tête de la file était la chaloupe de l’organisateur de la fête, M. Ephrem Brosseau. Les décorations de cette embarcation lui donnaient bien en effet le droit d’être en tête du cortège. Les lanternes chinoises en forme de poissons semblaient être la réalisation du fameux electric fish dont nous ont parlé les journaux américains.
Après la chaloupe de l’organisateur, celle qui attirait le plus les regards était celle de M. Pacifique Valiquette par la profusion de ses lumières (celles-ci étant au nombre d’environ soixante).
Il serait trop long de faire l’analyse de chacune des embarcations, bien que le zèle apporté par les différents propriétaires mériterait qu’il en soit fait mention. Pour compléter le charme de la fête, des chants accompagnés de cithare et de mandolines firent retentir l’air de leurs doux et joyeux échos. M. Brosseau, le promoteur de l’affaire, a le droit d’être d’autant plus fier du succès grandiose qu’elle a remporté que l’organisation en a été complétée en moins de 48 heures.
Mais qu’est-ce donc que cette baie de Valois ? Le répertoire Noms et lieux du Québec, de la Commission de toponymie (Publications du Québec, 1994), a réponse à la question. Profonde de 1,2 km, cette baie située au sud de Pointe-Claire et largement ouverte sur le lac Saint-Louis, rappelle le souvenir et les œuvres de quelques membres de la famille Valois, une des premières à venir s’installer sur ses rives. Jadis connue comme la Grande anse de Pointe-Claire, c’est en réponse à une requête du docteur Évariste Valois que la compagnie du Grand Tronc voulut bien attribuer le nom de Valois-Station à la gare de chemin de fer construite sur les propriétés appartenant à cette famille. Par extension, le nom s’appliqua aussi à la baie sise à courte distance de la gare ainsi qu’à une pointe, un peu à l’est. Un bureau de poste fut en service à Valois de 1878 à 1922.
À noter que, pour une des très rares fois, dans un texte québécois ancien, nous retrouvons la mention de la cithare et de la mandoline. Personnellement, voilà la première fois que je repère la cithare. Et quels pouvaient donc être ces chants accompagnés de cithare et de mandolines ?
Source de l’illustration : Canadian Illustrated News, édition du 17 juillet 1880
Quelle trouvaille intéressante M.Provencher en 1898, la mandoline et la cithare et le chant auraient pu être ceux de Paul Lamoureux (1870-1957). Des valses, airs d’opéras et peut être quelques chants bretons comme la Paimpolaise qui sait…
Jonathan Bélanger
On a peine à imaginer comment cette fête fut merveilleuse !
Vous me parlez de Paul Lamoureux, je vais fouiller pour savoir qui c’était.
Merci beaucoup.