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La Saint-Jean à Sherbrooke

Le petit saint Jean-Baptiste dans un humble quartier de Québec

Hier, le dimanche 26 juin, la ville de Sherbrooke a fêté en grand la Saint-Jean-Baptiste. Défilé dans les rues à 9 heures 30, suivi de la grand’messe à la cathédrale, et d’une fête champêtre au parc Victoria. Le journaliste de La Tribune, édition du 27 juin 1910, nous invite à l’accompagner.

Vous qui n’avez pu pour une raison ou pour une autre assister à Notre Fête Nationale, venez avec moi assister à ce défilé triomphant. Se rendant à la parade, n’oubliez pas de cueillir une feuille à l’arbre. En passant, l’on arrache aux érables une feuille ou plus, que vite l’on épingle à la boutonnière ou au chapeau pour montrer qu’on est patriote dans l’âme.

Et voici le défilé s’amenant. En tête, vient le commissaire ordonnateur en chef, fièrement dressé sur son cheval de parade. Il est accompagné de deux de ses subalternes également à cheval. Ils ouvrent la marche, défilant à travers les rues Marquette, Frontenac, Goodhue et Marquette, pour revenir à la Cathédrale. Derrière eux, le département de la police de Sherbrooke précède l’Harmonie qui a entonné l’air si joyeux de Vive la Canadienne.

Suivent les cadets de l’École du centre, qui défilent bien rangés par compagnies, visière au menton, leur petite épée haute, marquant le pas d’un petit air satisfait et vainqueur. Et voici maintenant, bannière au vent, la Société des Canado-Américains, chacun portant son insigne surmonté de l’incomparable feuille d’érable, les Chevaliers de Colomb, les Artisans canadiens-français, L’Alliance nationale, les Cercles d’Youville, les Forestiers catholiques, l’Union Saint-Joseph, derrière leur étendard respectif, graves, convaincus qu’ils sont des Catholiques avant tout, mais qu’en chacune de leur poitrine, leur cœur bat plus vite, parce qu’un mot monte en ce jour plus vif à leur mémoire, celui de Canadiens-français.

Et puis, enfin, le char allégorique du petit saint Jean-Baptiste. Le journaliste s’exclame : Mais voyez cette voiture toute enguirlandée de feuilles et branches d’érables, recouverte de banderoles et d’oriflammes de toutes couleurs parmi lesquelles à profusion ressortent les trois couleurs de la Mère Patrie. Voyez ce gentil bambin de trois ans, tout blanc et tout rose, vêtu seulement d’une peau de mouton, portant dans ses petites mains potelées une Croix d’Or. Son père, tout heureux, le tient debout dans le fond du carrosse fleuri, cependant que paisiblement couché à ses pieds un mouton blanc reste là sans une plainte. Cet enfant, c’est celui qui incarne et personnifie aujourd’hui le grand patron pour qui tout un peuple est en fête. C’est Jean Baptiste enfant, le précurseur du Messie, l’apôtre et le héros de la Fête Nationale, c’est votre patron à tous, Canadiens-Français. Voyez comme il est sage cet enfant chargé de remplacer l’apôtre bien aimé. C’est le petit Léonard Jutras, fils de M. T. P. Jutras, qui passe ainsi traîné en triomphe dans les rues de la ville, parce qu’il est aujourd’hui Jean-Baptiste. Puis, dans une simple voiture, voilà Jacques Cartier, représenté par M. Eus. Fontaine, ainsi qu’un sauvage, dans la personne de M. Gervais. D’autres personnalités officielles et distinguées, qui n’en voudraient pas trop à leur reporter, devant la tâche qui lui incombe de retracer la fête d’hier, de ne pas avoir publié tous leurs noms.

Mais, allez, il est temps d’entrer dans la cathédrale pour la grand’messe. La fête champêtre nous attend tous par la suite.

 

Remerciements à l’ami Jocelyn Paquet pour les images accompagnant cet article, belles pièces d’archives. Jocelyn me précise les faits suivants : Le petit saint Jean-Baptiste était personnifié par Monsieur Fernand Voiselle qui demeure toujours sur la rue Champlain, près de l’église Notre-Dame-de-la-Garde, là où a été pris ce cliché en 1948 par Clermond Desroches, qui allait plus tard devenir le propriétaire du studio de photographie Lefaivre et Desroches.

Gros plan sur le petit saint Jean-Baptiste

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