Albert Lozeau (1878-1924)
Dites, vous connaissez ce poète québécois du premier quart du 20e siècle, contemporain d’Émile Nelligan, ami de Charles Gill et de Louis-Joseph Doucet ? Je l’ai découvert, un jour, dans son deuxième recueil de poèmes, Le Miroir des jours, paru à Montréal en 1912. Michel Lemaire, professeur à l’Université d’Ottawa, spécialiste de Lozeau, écrit qu’il s’agit ici de son ouvrage le plus achevé, une poésie à la fois simple et touchante, savante et raffinée. Toute sa vie, il habite le cœur de Montréal, un peu au nord du carré Saint-Louis. Frappé bien jeune par la tuberculose de la colonne vertébrale, le mal de Pott, il vit ses jours auprès de sa mère, entre le lit où il écrit, nous dit Lemaire, le balcon d’où il admire les arbres et suit du regard les passantes, puis la terrasse où il arrose quelques fleurs et étudie les hirondelles.
En ce jour d’aujourd’hui, jour de la Saint-Jean, j’ai voulu aller placer cet article dans la catégorie Amour. Extrait justement du Miroir des jours, ce mot d’amour que le poète intitule Pour vous.
Tous mes vers sont écrits pour vous.
Vous vivez aux pages du livre
Où songent les plus beaux yeux doux,
Où chante la voix qui m’enivre.
Vos gestes, sur le papier blanc,
Je m’en suis fait le plagiaire;
J’ai copié servilement
Tous vos souvenirs, ma très chère.
Entre les strophes, vos cheveux
Mettent leur ombre brune et fine;
Les marges sont pleines d’aveux,
Des baisers d’amour… qu’on devine.
Vos tristesses et vos gaîtés
Y sont fidèlement transcrites;
J’ai fait à toutes vos beautés
L’hommage des rimes prescrites.
Je n’ai rien dit qui ne fût vrai,
Et ceux-là qui liront ces pages
Posséderont votre portrait
Toujours le même d’âge en âge.
Le livre vit quand l’homme est mort,
Et l’amoureuse en son poème,
Vivra tant qu’en ce monde encor
Quelqu’un soupirera : Je t’aime !…
Voilà. La gravure ci-haut d’Albert Lozeau est de Napoléon Savard (Archives et Bibliothèque nationale du Québec). Elle orne la jaquette de couverture de l’ouvrage Albert Lozeau, Œuvres poétiques complètes, Édition critique de Michel Lemaire, parue aux Presses de l’Université de Montréal en 2002, Collection Bibliothèque du Nouveau Monde. Un jour, si, chanceux comme je le fus, quelqu’un vous demande de lui suggérer un cadeau que vous aimeriez, proposez-lui cette œuvre. Merci, chère Christiane.
Bonjour cher ami,
À l’école primaire, nous devions apprendre par coeur et réciter à nos enseignants des vers de Lozeau:
Quand il neige sur mon pays
De gros flocons couvrent les branches
Et les regards sont éblouis
Par la clarté des routes blanches
Et dans les champs ensevelis
La terre reprend le grand somme
Qu’elle fait pour mieux nourrir l’homme
Quand il neige sur mon pays.
Encore maintenant, à l’arrivée des premiers flocons de l’hiver, je m’amuse à me les rappeler.
Bravo, chère Éli. J’aime savoir que ce cher Lozeau est toujours tout près de vous. Il a tant chanté le temps qui passe.
Et merci beaucoup pour ce poème, un cadeau que vous nous faites à tous, vous le savez bien.
Merci, cher ami, de votre grande générosité.