Quelques images de scènes offertes aujourd’hui
Bien oui, la vie progresse. Chacun va son train, affairé. Voici quelques images qu’elle nous propose aujourd’hui même. C’est fête.
Le Pic chevelu (Picoides villosus, Hairy woodpecker) à la mangeoire d’arachide est un petit de l’année. Dans le blanc de sa vêture, pas complètement blanche d’ailleurs, il porte encore son duvet de bébé. Mais, déjà, il est là à se comporter comme les grands de sa sorte, ayant aperçu qu’il y avait là pitance. Peut-être tenait-il l’information de ses parents, car un couple de chevelus adultes s’y présente régulièrement depuis des mois.
Le Bruant chanteur (Melospiza melodia, Song sparrow), lui, le bec plein sans doute d’un insecte, s’apprête à gagner le nid pour nourrir ses petits. Inquiet de m’apercevoir, il ne laisse entendre qu’un discret pépiement, sans doute pour ne pas m’alerter davantage. L’heure est à la protection de ses petits.
Et puis, avec une dizaine de jours de retard, les Hespéries (Hesperiidae) qui m’arrivent, ces petits papillons robustes, de 4 cm, qui possèdent une large tête, avec des yeux en conséquence, et un thorax musclé, dirait-on. Elles aiment la végétation basse; aussi faut-il porter attention pour les apercevoir. Au Québec, on en dénombre une trentaine d’espèces, ce qui cause problème pour franchement les identifier. La plus commune est probablement l’Hespérie des graminées (Thymelicus lineola, European skipper). Dans son grand ouvrage Papillons et chenilles du Québec et de l’est du Canada (Éditions France-Amérique, 1985), Jean-Paul Laplante affirme qu’on les considère comme les papillons les plus primitifs de tous nos papillons diurnes. Caractérisés par un vol très rapide et saccadé, ils se posent sur les fleurs ou le feuillage des plantes basses. Ils vivent principalement dans les champs, les prés, au bord des forêts mixtes et dans les jardins floraux. La première image nous la montre sur des feuilles en train d’être rongées par de bien petites chenilles.
J’ai trois questions pour vous…
Avec quelles plantes médicinales nos ancêtres se soignaient-ils ?
Quand et comment le thé est-il devenu populaire au Québec ?
Quand et comment le café est-il devenu populaire au Québec ?
Expliquez-moi pourquoi il n’existe plus de tourtes au Québec…
Au sujet des plantes médicinales, chère Éli, je n’oserais me lancer de peur de patiner sur une glace bien mince. Il s’est écrit beaucoup de choses depuis 30 ans, mais ça ne repose pas toujours sur des sources fiables. À mon avis, la grande synthèse est à venir. Personnellement, pour un travail sur le sujet, je m’en remettrais d’abord aux sources de base. Champlain énumère, par exemple, ce que cultive Louis Hébert, notre premier apothicaire. Il faudrait aller voir également du côté des religieuses. «L’œuvre de chère en Nouvelle-France», de l’historien François Rousseau, sur le régime des malades à l’Hôtel-Dieu de Québec, est capital. Il y a aussi «Voyage de Pehr Kalm au Canada en 1749», une traduction annotée de son journal de route par Jacques Rousseau et Guy Béthune, avec le concours de Pierre Morisset, qui est incontournable. À la fin de ce pavé de plus de 600 pages, on trouve un solide index, bien développé, qui contient de nombreux renvois aux plantes médicinales. Vous voyez, c’est le genre de références dans lesquelles je me tirerais d’abord.
Le café, comme le chocolat chaud comme boisson, se boit depuis le Régime français; il nous arrivait des colonies françaises antillaises. Le thé, lui, nous viendra des Anglais. Pehr Kalm nous dit qu’on ne boit pas de thé ici en 1749. Le thé rentre donc en 1760. Et, déjà alors, le grand importateur de thé londonien, Twinings, a 54 ans; il importe ses thés des colonies anglaises. Chose certaine, à Place-Royale, à Québec, au 19e siècle, tout le monde boit du thé ou du café, qu’on parle français ou anglais. D’ailleurs, plusieurs marchands locaux en offrent à bon prix.
La tourte, elle, chère Éli, a une longue histoire. J’y consacre quatre pages dans «Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent» et j’aurais pu en écrire au moins une trentaine. Ce gros pigeon migrateur vivait en colonies et nous arrivait par nuées en mai et juin. Dès 1605, dans les îles du Maine, Champlain dit qu’il rencontre «un nombre infini de pigeons dont il prit une grande quantité». Et, jusqu’au 19e siècle, jamais ça ne cessera. C’était une proie trop peu farouche qui attisait les fureurs des populations. Et les tueries dans la vallée du Saint-Laurent faisaient parfois figure de jeux d’enfants tant ailleurs, aux États-Unis, par exemple, on systématisait l’extermination.
On mange l’oiseau en pâté ou au pot. On en fait aussi une soupe ou une excellente fricassée, semble-t-il, à la crème et à l’ail. Mais, finalement, à tant tuer de tourtes, dans toute l’Amérique, croyant la population inépuisable, on en vint à réduire de plus en plus le troupeau. Le naturaliste James LeMoine note, en 1871, que la tourte est à peu près disparue du Québec. Finalement, le dernier oiseau de l’espèce, prénommée Martha, meurt le 1er septembre 1914 au jardin zoologique de Cincinnati, aux États-Unis. Les tueries répétées avaient eu raison de l’animal.
Pour les plantes, Éli, j’oubliais «Le premier livre des plantes du Canada, Les enfants des bois du Canada au Jardin du roi à Paris en 1635», un ouvrage fort original de l’historien Jacques Mathieu, avec la collaboration d’André Daviault (Presses de l’Université Laval, 1998), portant sur l’apport du Nouveau Monde à la vieille Europe.
Merci cher ami ! Je me délecte de ces précieuses informations !
C’est étrange Jean, c’est la becquée des pics présentement sur mon terrain en ville. C’est le papa qui alimente les petits encore incapables de se nourrir par eux-mêmes, on dirait. On ne cesse d’apprendre par l’observation de ces beaux oiseaux.
Merci de partager vos connaissances.
Christiane
Vous me faites penser que, chez le Chardonneret jaune (Carduelis tristis, American goldfinch), c’est le père qui alimente ses petits, la mère partie pour convoler avec un nouveau mâle. Merci à vous, chère Christiane.