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Du poisson autrefois, des fleurs aujourd’hui

Si les marchés publics d’aujourd’hui regorgent de fleurs, ceux d’il y a 100 ans proposaient plutôt une grande variété de poissons qui, avec le recul, tient quasiment de la pêche miraculeuse sur le lac de Tibériade. Voyez ce qu’écrit le journal Le Soleil à propos des marchés de Québec, le 14 juin 1902. Les marchés de la ville sont tellement bien approvisionnés en ce moment qu’ils sont comme de véritables expositions. C’est surtout l’étalage de poissons qui est ravissant. Québec semble être situé juste au bon endroit entre l’eau salée et l’eau douce pour avoir une variété extraordinaire de poissons. Les braves pêcheurs de Saint-Vallier nous apportent les aloës et les bars à plein bateau. Les différents trains de l’Intercolonial nous apportent du Nouveau-Brunswick des homards vivants se faufilant dans des herbages humides. Ce n’est plus des saumons de la Colombie anglaise que l’on nous offre, mais des saumons beaucoup plus frais venus du bas du fleuve, mais surtout de la rivière Moisie. Que dire des belles truites rouges et des succulentes ouananiches que le chemin de fer du lac Saint-Jean apporte en si grande quantité à chaque jour ? Beaucoup de personnes profitent de cette abondance de poissons pour en faire deux ou trois repas par jour. Les poulets du printemps disputent le succès aux poissons, mais ils sont rares et très coûteux : 75 centins le couple. Puis il en faut tant pour une grande famille.

À noter que le mot aloès dans cet extrait vient sans doute d’une mésécriture du mot alose (Alosa sapidissima, Common shad), un poisson anadrome, au dos bleuté, aux flancs à reflet métallique, qui remonte le fleuve Saint-Laurent au printemps, se rendant frayer dans la rivière des Prairies. Les habitants de Sainte-Croix de Lotbinière, en bordure du fleuve, savaient qu’il était temps de pêcher l’alose quand les pruniers sont en fleurs. À ce propos, lors d’une de nos rencontres en bibliothèques, une dame ajoute: Moi, monsieur, je ne viens pas de la rive, mais d’une paroisse d’en arrière, Saint-Édouard de Lotbinière. J’entends encore nos parents nous avertir : Les enfants, le marchand d’aloses va passer par les portes, le lilas fleurit. J’aime ce temps où la vie était ainsi codée, venue de l’observation des phénomènes de la nature. Nul doute que cela confortait les populations. La répétition des choses de la nature assure, et rassure.

Quant au bar mentionné ici, il s’agit du Bar d’Amérique ou Bar rayé (Morone saxatilis, Striped bass), un poisson anadrome venu frayer dans l’estuaire du Saint-Laurent. En 1900, on disait sa chair fort délicate. Au cours des années 1960, on le considère désormais disparu. Toutefois, la mise en place d’un programme de réintroduction du Bar rayé au début des années 2000 est annonciatrice de bien bonnes nouvelles. Pour un dossier sur ce programme de réintroduction, voir le site ci-joint : http://www.mrnf.gouv.qc.ca/faune/habitats-fauniques/etudes-recherches/bar-raye.jsp

La photographie ci-haut montre l’accueil au marché du Vieux-Port, à Québec, en ce moment.

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