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Péril pour la langue française aux États-Unis

Des visiteurs de ce site trouvent peut-être, qui sait, que je reviens souvent sur la langue française. C’est que la préoccupation était constante dans la presse québécoise d’il y a un siècle. Je tourne les pages des journaux anciens. J’ai ouvert un grand album sur la vie d’hier. Et je lis constamment une très grande préoccupation pour la sauvegarde du français de ce côté-ci de l’Atlantique, en Amérique. Et d’un français de qualité. Aussi, j’y fais écho.

Écoutez, parlons-nous franchement. À ce jour, au cours de cette démarche qui n’a de cesse de me passionner, j’ai évité d’abord de vous entretenir des débats politiques d’alors entre partisans et des mœurs électorales de l’époque, car rien n’a plus vieilli que cela. Si on ne prépare pas une thèse sur le sujet, c’est à peu près sans intérêt.

Je me suis aussi tenu si loin des misères de ce temps. Misères nées, je crois lire, du bouleversement des manières de vivre, des changements de valeurs et des problèmes à s’y adapter. Parfois, je lis même un immense désemparement. Jamais personne ne nous a raconté cette histoire. Tant de gens perdus. Ou qui luttent et luttent pour traverser la vie. De drames aussi, incroyables. De suicides à n’en plus finir, étonnamment. Des problèmes d’alcoolisme que je ne croyais pas si importants. Et tellement d’enfants qui souffrent (parfois c’est à brailler), et qui pourtant n’ont tellement pas demandé à être là.

J’en viens à reconnaître l’immense travail, en particulier, des communautés religieuses féminines. C’est fou, mais peut-être nous faudrait-il un jour une grande histoire québécoise de la misère. Celles et ceux qui s’y attaqueront devront être bien solides, je n’ose y penser. Et y aurait-il même un public pour les entendre ? Je l’avoue, il leur faudra un cœur solide.

Allez, revenons à notre sujet premier, parlons «langue française aux États-Unis». Le Canadien, quotidien de la ville de Québec, en fait sa une du 26 mars 1891, sous le titre «La langue française».

 

En certains milieux de notre société, on se plaît à proclamer avec une apparence de conviction que la langue française n’est nullement menacée aux États-Unis, qu’elle résiste victorieusement à toutes les influences extérieures, que les Canadiens qui ont traversé la frontière lui sont constamment fidèles.

Nous dirons tout de suite que ceux qui entretiennent ce sentiment sont des optimistes et qu’ils ferment volontairement les yeux à la réalité.

Ils se comptent sans doute par milliers les canadiens-français qui, sur le territoire américain, font un devoir de parler notre langue, mais il serait absurde d’un autre côté de ne point reconnaître que le contact des autres races, que les rapports quotidiens des nôtres avec les différentes nationalités qui les entourent, constituent autant de causes de danger pour l’avenir de notre langue.

Ce danger est si apparent, ce danger est si vrai, qu’il ne se passe point de semaine qu’un journaliste franco-américaine n’élève la voix pour donner l’alarme et mettre nos compatriotes en garde.

Tout dernièrement encore, un confrère américain, L’Écho de l’Ouest, de Minneapolis, frappé lui-même du danger que nous signalons, sonnait vigoureusement la charge et se plaignait en termes éloquents de l’envahissement de la langue anglaise au sein des familles canadiennes françaises.

Et ce sont sur les femmes et les filles de nos compatriotes que le confrère faisait retomber en grande partie la responsabilité de la nouvelle invasion. Citons :

 

Étrange anomalie, disait-il.

Alors que femmes et filles de millionnaires se font un plaisir et une gloire de parler notre langue, alors qu’elles ne négligent aucune occasion de la faire, nous voyons nos jeunes filles canadiennes-françaises la dédaigner et lui préférer l’anglais.

Sur qui doit-on en rejeter la faute ?

Sur elles tout d’abord.

Elles croient être très spirituelles en essayant d’écorcher l’anglais et en laissant de côté leur langue maternelle.

Sur leurs parents plus encore.

Ils n’exigent pas assez qu’on parle français à la maison.

Qu’on parle anglais avec les américains, c’est parfait; qu’on connaisse cette langue, c’est indispensable; mais dans nos familles, dans nos soirées, dans nos sociétés il n’y a qu’une seule langue qui doive être parlée : c’est le français.

Le français, c’est la langue de nos ancêtres, c’est celle que nous avons apprise sur les genoux de notre mère, c’est notre langue à nous; si dans les affaires, nous parlons anglais, dans la famille parlons français.

 

Voilà qui est bien parler, et puisse ce langage être entendu de tous.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    Il n’y a de pire aveugle que celui qui ne veut entendre et de pire sourd que…

    8 mars 2014
  2. Jean Provencher #

    Absolument.

    9 mars 2014

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