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Poèmes chinois nés avec l’automne

Retour à l’ouvrage 365 Poèmes de sagesse chinoise (Paris, Albin Michel 2012). De tout petits poèmes traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing fun. Succession de mots. Tenant de la méditation. Recherchant la beauté et le calme.

Nuit d’automne
Tard dans la nuit toujours sans sommeil, l’air de l’automne est frais
Plusieurs fois j’ai mouché la chandelle, bientôt la troisième veille
La couverture est froide, le paulownia cache la lune
Soudain, par une brèche dans le feuillage étincelle la lune.

Chu Shu-chen

 

Traversant le lac Hsin-kai
Un pêcheur dans sa barque arrive sur ce grand lac
Mes vieux yeux l’observent attentivement
Je regarde, je regarde, quand se produit une chose étrange
Il se transforme en oie sauvage solitaire debout sur un roseau flottant

Yang Wan-li

 

Rentrant dans la nuit
Cette année le froid est précoce au village de la rivière
Ce n’est pas encore le mi-automne, déjà les oies sauvages migrent
À bientôt quatre-vingt ans le vieillard est robuste comme du fer
À la troisième veille, après avoir cueilli des châtaignes d’eau, je rentre dans le vent et la pluie.

Lu Yu

 

La nuit assis
Toute la journée devant la cour, debout jusqu’à la nuit
Sous la lampe assis parfois jusqu’à l’aube
Mon sentiment je n’en parle pas, qui peut comprendre ?
De temps à autre je pousse un ou deux longs soupirs.

Po Chu-yi

 

À la mi-automne décrivant ce qui se passe
Mes vieilles habitudes de lettré je les ai toutes éliminées
Le plaisir du vin et la passion des poèmes aussi se sont atténués
Ce matin, chose étonnante, je me suis à nouveau approché du pinceau et de la pierre à encre
Des villageois sont venus me réclamer d’écrire un charme pour chasser les criquets migrateurs.

Lu Yu

 

Chansons des rives d’automne
Mes cheveux blancs, longs de trente mille pieds,
Longs comme ma nostalgie
Devant le miroir clair je m’interroge
D’où vient ce givre d’automne ?

Li Po

 

Au temple du mont Parfumé
La montagne est déserte et silencieuse, le vieil homme oisif
Accompagnant les oiseaux, suivant les nuages, je vais, je viens
Du vin domestique plein la jarre, des livres plein l’étagère
J’ai déménagé la moitié de mes affaires pour venir m’installer au mont Parfumé

Po Chu-yi

 

Chaleur d’automne, après la sieste je vais puiser de l’eau pour me rincer la visage
Dans une paire de seaux en bois, l’eau fleurie du nouveau puits
Je remplis la bassine en pin à ras bord, pas la peine d’économiser
Je pique la tête dedans, la plonge jusqu’au fond de la bassine
Pour ce qui est de la fraîcheur, impossible de trouver mieux.

Yang Wan-li

 

Extrêmement pauvre, composé pour m’amuser
J’ai parcouru le monde en tous sens jusqu’au bord du ciel comme une graine ailée
À composer des poèmes je n’ai gagné qu’une vie de pauvreté
N’est-il pas navrant que lors de ma vieillesse, dans mes rêves mélancoliques,
Je me retrouve encore sur une montagne sauvage dans un relais délabré ?

Lu Yu

 

Journée d’automne, je sors me promener, composé en m’amusant
Un chapeau de bambou, un manteau de paille, je me trouve parfait ainsi
Sans me soucier de la pluie et du beau temps je les porte
Mi-sobre mi-ivre, les gens se bousculent pour me voir passer
Sage ou péquenaud, qui peut savoir ?

Lu Yu

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