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Déjà de la neige !

Quelle surprise ! Nous sommes en 1888. Voilà qu’une vingtaine de centimètres de neige tombent le 9 octobre !

Déjà, dans la région de Québec, au loin, sur les hauteurs, on avait remarqué de la neige le 5 octobre. Le quotidien de Québec Le Canadien le confirme le 8 octobre. «Vendredi, on pouvait voir sur le flanc des Laurentides de grandes étendues couvertes de neige tombée dans la nuit. On rapporte qu’à [Sainte-Brigitte-de-]Laval, comté de Montmorency, il y avait plusieurs pouces d’épaisseur en quelques endroits

La tempête, elle, commence durant la nuit du 8 au 9 octobre. Le Canadien du 9 octobre écrit : «Hier soir, vers 11 heures, la neige a commencé à tomber en abondance, et n’eût été de la pluie qui vient de transformer nos rues en autant de lacs, on se serait cru en plein hiver, car nous avons été gratifiés d’une véritable bordée de janvier. À cinq heures ce matin, l’ouragan sévit encore. Ce passage de l’automne à l’hiver a quelquefois ses charmes, mais les circonstances exceptionnelles que nous traversons, la cherté des provisions, l’augmentation du prix du pain donnent à réfléchir. Espérons cependant que le soleil ne nous abandonnera pas définitivement.»

L’hebdomadaire montréalais L’Étendard du 10 octobre est plus bavard. «Nous avons aujourd’hui la tempête de neige que Wiggins nous avait promise pour hier. Ce n’est toujours pas si mal prédit et c’est même très bien, parce que la tempête s’annonçait dès hier soir par une bise glaciale et ceux qui, hier après-midi, riaient de la prédiction, doivent se dire qu’ils ont été un peu vifs, car le vent souffle toujours et si la neige contenue à tomber, nous aurons ce soir 3 à 4 pouces de neige. Les traîneaux ont déjà fait leur apparition; on entend déjà parler dans les rues de patins et tout le petit monde se remue, sort, rentre, trotte çà et là; ces petits enfants sont heureux de voir la terre revêtir sa belle robe blanche. Ils frappent les mains de joie en voyant arriver cette saison qui jette une pensée sombre dans l’âme de la pauvre veuve qui frissonne en écoutant souffler la bise à travers son réduit délabré et qui fronce les sourcils en regardant la tablette où est un morceau de pain noir. Les chers enfants sont sans soucis; ils ne rêvent que de glissades et amusements, font des vœux pour que la neige reste, mais demain un rayon de soleil fera fondre cette neige qui se mêle aux feuilles encore vertes, et du même coup dissipera l’illusion des jeunes, et fera renaître dans le cœur du pauvre la chaleur et l’espoir. L’indigent, d’ailleurs, sait bien qu’il a des frères toujours prêts à lui tendre la main dans le besoin, et que la Providence qui nourrit les petits oiseaux, même au cœur de l’hiver, ne les laissera pas périr s’il font seulement ce qu’ils doivent. La perspective de l’hiver est assez triste, les dernières gelées et surtout cette tombée de neige ont causé beaucoup de dégâts dans les campagnes. La récolte des patates sera en partie manquée dans plusieurs localités.»

Et la neige est partout. À Joliette, L’Étoile du Nord du 11 octobre y va de cette courte mention : «Lundi soir, il est tombé une averse de neige en cette ville, en quantité suffisante pour permettre la circulation des voitures d’hiver.» La Gazette du même endroit, et toujours du 11 octobre, accorde à l’événement quelques lignes de plus. «Dans la nuit du 8 au 9 courant, il est tombé ici une épaisse couche de neige qui a assez bien couvert la terre que plusieurs personnes ce jour-là ont sorti leur voiture d’hiver de sous la remise pour s’en servir, parce que mieux glissaient les traîneaux que ne roulaient les charrettes, etc. Il y a longtemps qu’on a vu pareille chose à pareille époque. […] La neige a déplorablement défait les chemins qui sont actuellement dans un état pitoyable, ce qui est très regrettable surtout à cette époque de l’année, où les cultivateurs ont le plus de voyages à faire.»

La Tribune (Saint-Hyacinthe) du 12 octobre 1888 écrit qu’à Acton Vale, «il est tombé 8 pouces de neige le 9 courant» et qu’à Saint-Hilaire, «les gamins ont déjà commencé à prendre leurs glissades légendaires sur les trottoirs et ailleurs».

À Saint-Jean-d’Iberville, le même jour, Le Franco-Canadien constate : «Cette chute prématurée de la neige cause de grands dommages aux végétaux, surtout aux patates qui ne sont pas encore arrachées.»

Et ce n’est guère mieux en Beauce. Le 12 octobre, Le Canadien (Québec) écrit : «On rapporte de toutes parts que le dernière neige a donné le coup de grâce aux grains restés dans les champs, ainsi qu’aux pommes de terre. On nous écrit de Ste-Marie de la Beauce que le sol est recouvert d’une épaisse couche de neige et que les routes inondées rendent les communications absolument impossible, même entre voisins.»

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Henri Desmeules #

    Prudent et conscient du micro-climat du rang 9 à 680 mètres d’altitude, mes pneus d’hiver ont été posés aujourd’hui…….Au cours des 30 dernières années, j’ai appris à respecter les particularités climatiques de l’endroit où est située ma propriété . L’hiver peut se présenter, je suis prêt à l’affronter malgré le scepticisme de certaines personnes !

    9 octobre 2013
  2. Jean Provencher #

    Je vous comprends tout à fait, Monsieur Desmeules. Un jour, en hiver, je suis parti de Québec pour une conférence à Saint-Jean-de-Brébeuf. Il neigeait un peu. Mais plus j’avançais dans les Appalaches, plus ça se corsait. J’ai réussi à me rendre, mais j’en garde un fort bon souvenir car les gens sont très recevants. Mais, depuis ce temps, je n’ose plus prendre la route au Québec, en hiver, à moins d’être bien certain que le malheur ne m’attend pas.

    9 octobre 2013

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