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La scène se passe aux États-Unis

M. W. Hansard, commis voyageur pour une grande maison de Louisville (Kentucky), a été victime ces jours-ci d’une plaisante mésaventure au cours de ses pérégrinations dans les comtés montagneux et peu peuplés de Bell et Harlan.

Il y a fort peu d’hôtels dans la région, et M. Hansard, qui voyageait en voiture découverte, était souvent obligé d’aller demander l’hospitalité pour la nuit dans quelque ferme.

L’autre soir, en se couchant dans une de ces fermes, M. Hansard a négligemment accroché son pantalon au montant du lit qui se trouvait tout près d’une fenêtre donnant sur la route et laissée ouverte à cause de la chaleur. Or, en se réveillant le lendemain matin, l’infortuné commis voyageur a constaté avec stupéfaction que son pantalon avait disparu, et son embarras a été d’autant plus grand qu’il n’en avait pas de rechange.

M. Hansard s’est décidé à appeler son hôte de toutes ses forces, dans l’intention de lui emprunter un pantalon. Mais c’est la fermière qui a entr’ouvert la porte de sa chambre, et, lorsqu’il eut expliqué son embarras, elle lui a dit que son mari était parti à la chasse, et qu’il ne possédait lui-même que le pantalon qu’il avait sur lui.

Cependant la fermière eut pitié du commis voyageur et, faute de mieux, elle a bien voulu consentir à lui prêter un de ses vieux jupons ! M. Hansard comprenant tout le parti qu’il pouvait tirer de cet étrange vêtement en pareille circonstance, n’a pas hésité à le mettre, et se rendant à la grange il a attelé le cheval.

Après avoir rendu le jupon à la fermière, le commis voyageur partit au galop pour le magasin de campagne le plus proche, où l’on trouvait toujours des vêtements confectionnés. Il riait déjà de sa mésaventure; mais il n’était pourtant pas au bout de ses peines. En effet, arrivé au magasin, il l’a trouvé déjà envahi par une foule de femmes accourues de toute la région pour assister au déballage d’automne.

Ne pouvant quitter son siège sans s’exposer à montrer sa nudité, M. Hansard après quelques instants d’hésitation s’est décidé à appeler le propriétaire du magasin et à lui expliquer son cas. Le marchand, qui connaissait le commis voyageur, se mit à rire; mais il n’a pas hésité à lui confier cinq ou six paires de pantalons.

Finalement, M. Hansard s’est dirigé avec sa voiture vers un endroit écarté et là, enfin, il a pu choisir parmi les pantalons que lui avait confiés le marchand et en revêtir un sans être vu.

 

La Tribune (Saint-Hyacinthe), 13 septembre 1889.

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