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«Pauvre feuille, où vas-tu ?»

En 1900, sauf en de très rares occasions, on ne retrouve pas dans la presse québécoise d’espace pour les opinions des lecteurs. Par contre, on aimera échapper soudain un poème reçu, un simple texte. Le 28 septembre 1888, La Tribune de Saint-Hyacinthe publie un texte signé «H………», de Saint-Boniface. Bonjour spleen.

 

 

Pauvre feuille, où vas-tu ?

Comme les jours s’en vont vite !… Voilà que déjà les feuilles jaunissent, courent sur les sentiers des bois et qu’avec elles les tristes rêveries viennent errer dans les champs. Hélas ! à peine au printemps quelques fleurs, peu de brises fraîches en été, et voici que sont venus déjà les pâles jours d’automne.

Encore quelques soleils et les froids aquilons descendront des montagnes. Ainsi s’en va la vie : à son matin, l’enfance a sa couronne qui s’effeuille; à midi, l’âge mûr a son soleil qui brûle; puis, au soir, le ciel se rembrunit, le front se ride et les vertes pensées se détachent des cœurs comme les feuilles sans sève se détachent des arbres.

Alors, à la vie succède ce qu’on appelle la mort. L’homme comme la feuille sous les neiges va dormir sous la froide pierre d’un tombeau.

Ah ! malheureux qui s’attache à des jours si fugitifs, et qui perd le souvenir des années éternelles !

Toi qui cours sur mon chemin au gré de tous les vents, pauvre feuille, où vas-tu ?

 

De Jacques Douai : http://www.youtube.com/watch?v=Hg2l2QFl2z8

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