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L’hiver va venir à nouveau, Rigoni Stern s’en réjouit

Mario Rigoni Stern (1921-2008) est l’un des grands écrivains italiens du 20e siècle. Il a écrit sur la seconde guerre mondiale qui l’a profondément marqué, mais a aussi beaucoup chanté les animaux et la nature. Je possède son petit ouvrage Lointains hivers, publié chez Mille et une Nuits (Paris) en 2000, où il évoque ses hivers d’autrefois, ceux du temps de la guerre, bien sûr, mais aussi ses hivers charmants, auxquels il est tellement attaché, car né montagnard sur le haut plateau italien d’Asiago, où les premières traces humaines remontent au Paléolithique, au nord de la province de Vicence.

Il publie Lointains hivers à 79 ans, une réflexion de moins de 60 pages qu’il termine ainsi, heureux de voir revenir l’hiver encore une fois.

 

Aujourd’hui, il y a tellement de livres que je voudrais lire ou relire. Mais je crois que ma vie s’achèvera bien avant que j’aie étanché ma soif : les classiques grecs et latins, des ouvrages d’Histoire de l’Antiquité à nos jours. Je relirai mes poètes préférés : Dante, Leopardi; éventuellement encore Proust et Tchékhov; puis les Récits de Kolyma de Chalamov…

La neige sera légère comme du duvet d’oie, elle s’arrêtera d’abord sur les arbres, puis se glissera entre les branches pour se poser enfin sur les cortinaires gelés, sur les myrtilles, sur la mousse, tel un voile de sucre sur un gâteau. Les lièvres, les chevreuils, les cerfs s’immobiliseront pour regarder le nouveau paysage. Les renards pointeront le nez hors de leurs tanières pour humer les nouvelles odeurs qui reviennent. Mais, quand tout sera blanc, les écureuils se souviendront-ils de l’endroit où ils ont caché leurs provisions ? Le vieux coq de bruyère du Tasse s’envolera sur l’arbre, où depuis des générations ses descendants ont attendu le retour du printemps, en se nourrissant de ses feuilles. Le bois sera plongé dans un temps irréel et moi j’irai m’y promener comme dans un rêve. Pour moi, bien des choses s’éclairciront dans une lumière qui a sa source en elle-même.

Il viendra, il viendra le cher roitelet se percher sur le tas de bois pour m’annoncer la première neige, comme dans mon enfance, avec son «tic-titic» incessant; et sa clochette cachée au fond de sa gorge sonnera jusque là-haut, là où les lourds nuages blancs attendent son signal.

 

Dans la notice biographique qui ferme l’ouvrage, non signée, il est écrit : «La plupart des textes de Mario Rigoni Stern traitent de la guerre mais aussi de son amour pour la nature dont la fréquentation et la connaissance participent chez lui à l’exaltation de la mémoire.»

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Christiane Melançon #

    Tu l’as toujours?… Merveilleux petit livre!

    10 septembre 2013
  2. Jean Provencher #

    Bien sûr, chère ! Absolument !

    10 septembre 2013

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