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Le grand joueur de balle Napoléon Lajoie à Montréal ?

Au printemps 1902, la rumeur court que le meilleur joueur de baseball de l’époque viendrait jouer à Montréal, le temps d’une saison. Les amateurs sont d’autant plus heureux que l’équipe montréalaise est sans lustre. Derniers de la ligue Eastern, les Montréalais jouent contre les villes de Buffalo, Toronto, Providence, Rochester, Worcester, Newark et Jersey City. Mais, finalement, ce ne sera qu’une rumeur.

L’Album universel du 28 juin 1902, raconte :

Il avait été rumeur, pendant quelques jours, que le fameux joueur Lajoie devait être engagé par le club Montréal pour quelques semaines. Grande avait été la jubilation chez nos amateurs. Les sages refusaient de croire que [Charles L.] Dooley [le gérant et propriétaire des Royals de Montréal] se fendrait assez pour retenir les services du roi des joueurs de base-ball. Le salaire de Lajoie aurait-il bien été une charge trop lourde sur le budget du club Montréal ? Il nous est permis d’en douter, et l’exemple du club Cleveland nous justifie d’entretenir des doutes.

Quelques-uns des meilleurs amis du Cleveland critiqueraient la conduite de ses directeurs pour avoir signé un contrat avec Lajoie, à un salaire aussi élevé que 5,000 dollars. Ces critiques ont eu la bouche fermée par le résultat de l’arrivée de Lajoie. Qu’on en juge par la lettre suivante, adressée au rédacteur du «Sporting Life» :

Eh bien, Lajoie et Bernhard sont enfin à Cleveland, et ils ont joué pour notre club. Dire que ces deux hommes ont renforcé le Cleveland, c’est prouvé par le nombre de victoires remportées par notre club depuis leur adjonction à notre équipe. Le public a su apprécier la libéralité et l’esprit d’entreprise des directeurs du club, et il l’a prouvé en assistant en grand nombre aux parties. Par un temps pluvieux, 10,000 personnes ont assisté au début de l’incomparable Lajoie, sous un uniforme de Cleveland, et le samedi, 14,000 personnes sont allées l’applaudir. C’était le plus grand nombre de spectateurs qu’ait jamais attiré une partie de baseball à Cleveland. Et, en quatre jours, l’argent payé par le club Cleveland pour Lajoie a été remboursé par le public.

Ce début de Lajoie fut un succès sans précédent. Le Napoléon du Base-ball, sur qui se rivaient les yeux de 10,000 personnes, prit la plus grande part de la victoire du Cleveland. Son premier coup, bon pour deux buts, fit compter le premier point; un sacrifice envoya au troisième but un homme qui compta un point sur un «fly». Lajoie prit aussi part à deux doubles jeux d’une rapidité incroyable.

La présence de Lajoie donnait à l’équipe cette confiance qui accomplit des miracles, au base-ball comme à tout autre jeu.

 

Ami Dooley, ne pourriez-vous trouver un autre Lajoie ?

Vos estrades ne seraient pas assez grandes pour contenir la foule de vos amis, et les pauvres rédacteurs de sport, qui se morfondent à trouver des excuses pour votre humiliante position au bas de l’échelle, seraient si enthousiasmés qu’……ils renonceraient aux billets de faveur. Cela ne vaut-il pas quelque cents dollars ?

 

Napoléon Lajoie fut un des très grands joueurs de baseball à l’époque où ces derniers ne mettaient que du sucre dans leurs céréales. Certains de ses records tiennent toujours. Je ne connais guère l’histoire des Royals de Montréal, mais probablement que la ville n’avait pas les moyens de se payer un champion de la trempe de Lajoie, engagé par Cleveland, une équipe de la Ligue américaine de baseball, au marché assurément plus important. Cleveland jouait contre des villes comme Philadelphie, Boston, Chicago, Saint-Louis, Baltimore, Washington et Détroit.

À la fin de la saison 1902, l’équipe des Royals de Montréal, achetée par un certain Ned Hanlon, déménagera à Baltimore.

La photographie de Lajoie apparaît dans L’Album universel du 2 août 1902. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Lajoie, Napoléon».

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