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Toute une prise de possession !

Les Montréalais, particulièrement ceux qui habitent dans l’est de la ville, aiment beaucoup l’île Sainte-Hélène, surnommée «l’île de fraîcheur». Quel bonheur, l’été, de prendre le bateau pour aller y passer la journée ! Mais l’île est la propriété du gouvernement fédéral, qui l’a acquise du gouvernement britannique en 1870. Les Anglais, eux, l’avaient achetée à la famille Le Moyne de Longueuil en 1818 pour y construire un fort, des fortifications, une poudrière et une casemate. Mais il y a place pour un parc public.

Or, en juin 1906, les journaux annoncent que l’île devient la propriété de la Ville de Montréal. Il n’en fallait pas plus pour que, l’été commençant, les Montréalais s’y précipitent le jour de la Saint-Jean. Le journal La Patrie du 26 juin 1906 raconte.

Dimanche dernier [le 24 juin], le public qui est allé visiter l’Île Ste-Hélène, a voulu en avoir pour son argent et, ayant lu dans les journaux que l’île appartenait désormais à la ville, les hommes, les femmes et les enfants ont envahi la réserve militaire, sans se soucier de la défense du capitaine, commandant de la place, et des baïonnettes des soldats.

L’Île Ste-Hélène a été vendue à la ville, disaient-ils, et vous n’avez plus de droit ici, tandis que nous pouvons aller partout. Et, par centaines, débordant les gardes, les citoyens commencèrent une inspection en règle des magasins militaires et de la poudrière, jouant avec les armes et les munitions. Pour un peu, ils auraient mis le feu à la poudrière, pour voir sauter l’île elle-même.

Les gardiens étaient désespérés et suppliaient ces grands enfants, qui ne voulaient rien entendre et persistaient à jouer avec le feu, courant les plus grands dangers.

Heureusement, il n’y a pas eu d’accident.

Mais le commandant, qui a assisté à ce charivari, ne veut plus que cela recommence, et ce matin il a écrit au maire Ekers une lettre éloquente, lui demandant son concours pour faire cesser un abus, dont les conséquences pourraient être désastreuses.

M. le maire Ekers a alors fait remarquer que l’Île Ste-Hélène a été cédée à la ville, moyennant une certaine somme, à condition que le gouvernement continue d’occuper la réserve militaire, jusqu’à ce que l’on ait trouvé un endroit convenable pour y installer les magasins militaires.

Son Honneur met donc le public en garde contre le danger qu’il y a, pour le public, de franchir la clôture qui enclot la réserve en question. C’est là une propriété privée et quiconque la viole est susceptible d’emprisonnement. Relativement à la propriété de l’Île Ste-Hélène, Mtre L. J. Ethier, C. R., dit que la ville n’a encore aucun titre et qu’elle n’en aura pas avant qu’elle ait payé le prix de vente. Il n’y a eu jusqu’ici que des conditions de vente d’arrêtées et le gouvernement n’est pas tenu d’évacuer la place avant que la vente soit complète.

M. Ethier attend aujourd’hui même, de Québec, une copie du contrat de cession de l’Île par le gouvernement fédéral et il fera aussitôt son rapport aux Finances, relativement au droit du gouvernement fédéral d’aliéner cette propriété, à titre onéreux.

 

L’illustration est parue dans L’Album universel du 5 août 1905. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Sainte-Hélène, Ile (Ile-de-Montréal, Québec)».

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