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Un réseau scolaire sous-financé

À lire un Anglophone du Québec, il faut conclure que le réseau scolaire a manifestement besoin d’aide. Le 16 juin 1906, en éditorial, le journal La Patrie lui donne raison.

Le Rév. William I. Shaw vient de publier dans une revue de Toronto, «The Westminster», un très intéressant article sur l’éducation dans la province de Québec. Un des membres les plus éminents du comité protestant du Conseil de l’Instruction publique, le Dr Shaw est une autorité sur la question. Sans doute, il se place plus particulièrement au point de vue protestant, mais on trouve dans son article, outre de précieux renseignements, une appréciation très sérieuse et assez juste de la situation actuelle chez les catholiques.

L’auteur remarque d’abord que les besoins de l’éducation se font de plus en plus pressants dans Québec, à cause de l’augmentation de la population. Au dernier recensement de 1901, l’augmentation de la population a été dans Québec de 10.8 pour cent, et dans Ontario de 3.3 pour cent. On comprend que cela devient un problème de pourvoir d’écoles suffisantes le nombre toujours grandissant des enfants.

Observons ici incidemment que l’augmentation de la population protestante a été plus considérable que celle de la population catholique, 3.6 contre 2.8 pour cent. Cela est dû surtout à Montréal et à ses faubourgs. Sur 219,712 protestants, le recensement de 1901 en accuse 85,000 dans Montréal seul.

En revanche, le Dr Shaw entretient quelques craintes sur le sort des écoles protestantes rurales, à cause de la migration de ses coreligionnaires. On sait, en effet, comment, dans les Cantons de l’Est en particulier, le population catholique canadienne-française gagne de plus en plus sur la population anglaise protestante qui s’éloigne, disparaît.

Il y a 45 écoles protestantes qui n’ont chacun que cinq élèves ou moins, et 160 qui n’en ont pas plus que 10, sur un total de 938 écoles.

Dans ces conditions, se voyant de plus en plus entourés d’une religion et d’une race différentes, les Anglais protestants s’en vont et les Canadiens-français achètent leurs terres. Comme l’ajoute le Dr Shaw, il n’y a là rien que de très naturel.

La comparaison que fait notre auteur entre les ressources d’Ontario et celles de Québec, au point de vue de l’éducation, est aussi instructive qu’intéressante. Dans Québec, le total des subsides législatifs et des taxes pour toute éducation, élémentaire, secondaire et supérieure, s’élève à $4,084,518. La Province d’Ontario donne pour ses écoles publiques et séparées seules $6,061,006, sans compter le montant considérable qu’elle fournit pour l’université provinciale, trois écoles normales, 57 écoles modèles et 138 High Schools.

Le budget du gouvernement d’Ontario lui-même pour l’éducation a été, cette année, de $1,233,416, tandis que celui de Québec a été de $480,760.

La ville de New-York, dont la population égale celles de Québec et d’Ontario réunies, dépense à elle seule $20,000, 000 par an pour ses écoles publiques.

Il faut décidément que dans la province de Québec nous trouvions les ressources nouvelles sans lesquelles les réformes nécessaires ne peuvent s’accomplir.

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