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Encore et toujours la mortalité infantile

Au début du 20e siècle, sitôt qu’arrive l’été, on revient invariablement sur la mortalité infantile, si grande. La Patrie du 14 juin 1906 écrit cette fois-ci :

M. W. H. Allen, agent général de l’Association américaine pour l’amélioration du sort des familles pauvres, faisait l’autre jour l’étonnante déclaration suivante : «D’ici à la fin de l’été, il mourra sûrement, dans la ville de New-York, entre 4,000 et 5,000 bébés. La majorité de ces petits êtres pourrait être sauvée, si les précautions nécessaires étaient prises.»

Nous ne pouvons dire combien il mourra de jeunes enfants dans Montréal d’ici à la fin de l’été, mais si l’on en juge par les années précédentes, ce nombre sera considérable. Proportionnellement à sa population, notre ville soutient assez bien la comparaison avec New-York sous ce rapport. Ne pouvons-nous rien faire, nous aussi, pour réduire le nombre de morts ?

Nous voilà arrivés à la saison d’été, saison si meurtrière pour les nourrissons. Pour des causes que nous avons déjà données, de toutes les provinces du Canada, c’est sûrement dans celle de Québec que le chiffre de la mortalité infantile est le plus élevé. Récemment, devant la commission des assurances qui siège à Toronto, un témoin expert faisait cette constatation : Nous avons de beaucoup la meilleure moyenne de natalité, mais cet avantage est beaucoup diminué par le taux excessif de la mortalité.

Si nous n’y étions pas un peu habitué, nous devrions déplorer davantage que dans une ville comme Montréal, par exemple, il meurt plus d’une centaine d’enfants par semaine de juin à septembre. C’est une perte incalculable pour la population.

Les autorités ont été trop longtemps indifférentes à cette question si grave, mais il faut leur rendre cette justice que depuis quelques années, elles commencent à s’en préoccuper sérieusement. Des mesures sanitaires ont été prises qui ont déjà produit une amélioration sensible.

Le Bulletin sanitaire du Conseil d’Hygiène, dans son dernier numéro, publie sur ce sujet un article très sérieux.

«La gastro-entérite, dit-il, cette grande faucheuse de nourrissons, a été beaucoup étudiée ces dernières années et, grâce à la bactériologie, on est aujourd’hui fixé sur bien des points. Pour n’en citer qu’un, l’on sait maintenant que les chaleurs de l’été ne causent pas directement la gastro-entérite, mais qu’elles y contribuent indirectement en produisant la fermentation du lait de vache, dont un si grand nombre d’enfants sont alimentés au lieu d’être allaités par leurs mères.»

Si nous voulons réduire le chiffre de la mortalité infantile, généralisons d’abord l’allaitement maternel, et corrigeons ensuite les défectuosités de l’alimentation artificielle, par un contrôle encore plus efficace de commerce du lait.

Il y a déjà à Montréal plusieurs dépôts de lait pur, mais ils ne sont pas assez nombreux.

Nous ne devons non plus négliger aucune des prescriptions de l’hygiène.

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