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Vers des habitations à loyer modique

Au cours du 20e siècle, en Occident, on réfléchira à des manières de loger convenablement les populations à faibles revenus. Cette histoire reste à établir, mais on voit naître la préoccupation au début du siècle. Le journal montréalais La Patrie, sous le titre «Logements ouvriers» y va d’un éditorial à ce sujet le 1er juin 1906.

M. James Bryce, secrétaire des affaires d’Irlande, demande à la Chambre des Communes d’Angleterre d’autoriser un prêt de $22,500,000 pour l’érection de logements ouvriers en Irlande. Le coût de chaque maison et du terrain sera de $850 environ, de sorte que 25,000 ou 30,000 logements pourront être bâtis. On espère par ce moyen enrayer la décadence physique de la population ouvrière irlandaise et mitiger au moins sa pénible situation.

Il n’est point, dans l’état actuel de notre existence économique, de plus grave problème que celui des logements ouvriers. Lord Salisbury, [il] y a quelques années, disait que la question vitale pour l’Angleterre était la question du logement (Housing question). C’est vrai encore plus de l’Irlande où le peuple s’use dans une épouvantable stagnation.

Mais il en est un peu de même partout où il y a de grandes agglomérations. Quiconque n’a pas visité dans certaines grandes villes les navrantes ruelles où vivent les travailleurs ne peut mesurer l’urgence impérieuse du progrès à accomplir. L’insalubrité des habitations est le grand pourvoyeur des hôpitaux.

Dans plusieurs pays, l’initiative privée a tenté des efforts sérieux de ce côté. Soit sous une forme purement industrielle (patrons logeant leurs ouvriers dans des conditions hygiéniques et relativement avantageuses), soit sous une forme philanthropique, par fondations, soit enfin au moyen de coopératives ouvrières, d’importants résultats ont été obtenus.

Mais les gouvernements n’estiment pas que la question des logements ouvriers soit celles dont ils puissent se désintéresser. Et beaucoup d’entre eux ont apporté leur concours direct à cette œuvre vraiment nationale.

En Allemagne, une loi de 1895 a ouvert un crédit de $1,200,000 pour «améliorer le logements des ouvriers et employés des administrations industrielles de l’État et des petits fonctionnaires.» Depuis lors, $5,200,000 ont été votés à cet effet. En Bavière, en Saxe, même générosité bien entendue.

À Gênes, c’est la municipalité qui vote des subsides aux sociétés d’habitation à bon marché.

À Genève, à Gothenburg, à Stockholm, on met à la disposition des sociétés particulières des terrains gratuits ou à des prix très réduits. En Danemark, l’État prête de l’argent aux municipalités qui veulent construire des habitations ouvrières. L’Angleterre elle-même, si peu favorable à l’intervention de l’État, facilite par des prêts avantageux ces sortes de constructions, et elle se propose, comme on vient de le voir, par la mesure de M. Bryce, de faire encore plus que jamais.

Au Canada aussi, la population des champs émigre de plus en plus vers les villes et s’y agglomère.

Dans une certaine mesure, nous avons aussi quelque chose à faire pour l’amélioration du foyer ouvrier. Si nous voyons à ce que notre population soit logée convenablement, et qu’elle ait de l’air pur, le niveau moral du pays en sera relevé, car il y a une relation étroite entre l’hygiène et la vertu.

 

Ci-haut, les Appartements Bourlamaque, Habitations à loyer modique, coin boul. René-Lévesque et avenue de Bourlamaque, à Québec.

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